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CGT - Université de Lille
Éditorial
Enseignants du secondaire dans le supérieur : Refus de l’octroi d’une prime équivalente à la RIPEC C1 et l’annonce de modifications statutaires !
Doit-on réfléchir à l’Université ? – retour sur le CFVU du 6 mars
Repyramidage LPR : des maîtres de conférences (MCF) en professeurs des universités (PR)
La CGT FERC Sup appuie la suppression du HCERES en cours
Revoyure LPR 2025 - les revendications de la CGT
Avancement et promotion de grade des personnels administratifs (AENES)
CNESER du 11 mars 2025 - Budget - Interventions CGT et Votes
INSPE, Réforme de la formation des enseignants : des annonces, mais toujours beaucoup de questions
Retour sur le Café Culture du 14 février
Shadok Cabinet Saison 4, épisode 3 dit des démonstrateurs
Éditorial
Avec les attaques de Trump contre les organismes de recherche et les universités américaines, on prend conscience que la politique de financement est un outil puissant de management pour limiter la liberté académique et les axes de la recherche. Même Harvard ne peut pas totalement négliger le gel de 2,2 milliards de dollars de subsides de l’état fédéral, alors même que les fonds publics ne représentent que 11% de ses revenus. La contraindre à signaler les étudiants étrangers ayant commis des écarts de conduite et à réaliser un audit sur ses étudiants et professeurs, c’est le grand retour du maccarthysme des années 1950 ! On voit par là que la liberté académique est l’une des premières cibles des pouvoirs autoritaires.
Le ministre chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a chiffré l’accueil d’un·e scientifique américain·e à 1 million d’euros sur 3 ans et attend que l’Europe finance. C’est plus de trois fois ce qui est offert pour l’accueil sur une Chaire de Professeur Junior à l’université de Lille. On aurait espéré, à tort, que l’exemple américain incite notre gouvernement à défendre une augmentation conséquente du budget alloué à l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Avec 2,2%, la France est toujours loin de l’objectif des 3% de PIB consacrés à la recherche, conformément à la stratégie de Lisbonne définie en 2000.
Enseignants du secondaire dans le supérieur : Refus de l’octroi d’une prime équivalente à la RIPEC C1 et l’annonce de modifications statutaires !
Exercer dans le supérieur pour les enseignants du secondaire, c’est assurer les mêmes missions (hors recherche, statutairement) avec les mêmes contraintes et devant le même public que les enseignants-chercheurs. Cela légitime une série de revendications, dont l’harmonisation du régime indemnitaire. C’est avec la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) et la revalorisation pluriannuelle des primes des enseignants-chercheurs qu’est né le collectif 384 revendiquant, pour les Enseignants du Secondaire Affectés dans le Supérieur (ESAS), l’accès à l’équivalent de la RIPEC C1, composante statutaire de la prime des enseignants-chercheurs.
Mais revendiquer une symétrie avec les enseignants-chercheurs n’est pas sans risque quant aux statuts. Demander des mesures dérogatoires au statut d’enseignant du secondaire, c’est donner l’occasion au ministère d’y intégrer ce qu’il souhaite sans que le rapport de force soit forcément favorable pour obtenir les revendications portées.
Le 10 avril 2025, le gouvernement a présenté aux organisations syndicales le projet de modification du « cadre d’exercice » des enseignant·es du secondaire affectés dans le Supérieur (ESAS, un terme générique qui désigne les PRAG, PRCE, PLP, PEPS affectés dans le supérieur).
L’alignement de la prime statutaire des PRAG-PRCE (PES) sur la part statutaire C1 du RIPEC des enseignants-chercheurs a été refusé par le ministère malgré les demandes unanimes des organisations syndicales. La DGRH du ministère a précisé : « c’est l’aspect recherche qui est valorisé, donc, par définition, les ESAS sont ontologiquement exclus du RIPEC ».
Sans obtenir la revendication phare de la revalorisation de l’indemnitaire, voici nos collègues ESAS face à la perspective de modifications statutaires dont l’ajout de missions obligatoires (suivi individuel, évaluation, orientation, tutorat, insertion professionnelle) et d’autres facultatives (dialogue entre sciences et sociétés, diffusion, conservation et enrichissement des collections, activités documentaires, responsabilité et fonctions relatives à l’administration et à la gestion, vie collective…).
Le ministère maintiendrait la référence aux maxima hebdomadaires (15hTD pour les PRAG, 18hTD pour les autres), qui permettent de refuser les surcharges de travail ou de s’opposer à un déséquilibre trop important entre semestres.
Quant à l’accès au Référentiel d’équivalence horaire calqué sur celui des enseignants-chercheurs, dans les faits, les collègues ESAS y étaient souvent déjà éligibles localement, notamment au sein de l’université de Lille.
Pour rappel, la CGT a soutenu sur l’université de Lille, l’instauration de primes équivalentes en montant à la partie C3 de la RIPEC pour des ESAS et obtenu le doublement de leur nombre en 2023 sur le principe qu’à travail égal, un salaire égal est légitime. Les ESAS assurent en effet des responsabilités collectives éligibles administratives ou pédagogiques.
Tout est probablement quasi-bouclé avec inscription du projet de modification du décret au CSA-MEN dès le 7 mai et très probablement au CSA-MESR du 26 mai.
Pour plus d’informations, consultez le compte-rendu du groupe de travail ministériel (ESR) sur la révision du décret 93-431 (PRAG-PRCE).
Doit-on réfléchir à l’Université ? – retour sur le CFVU du 6 mars
Lors de la séance du 6 mars du CFVU, ont été discutés et votés les éléments de la charte de l’Université sur l’intelligence artificielle générative. Au-delà d’autres aspects problématiques (prise en compte minimale du coût environnemental, indication que les utilisateurs – étudiant·es et enseignant·es – devaient se former eux-mêmes et non être formé·es par l’Université aux enjeux de l’IA, une réflexion limitée concernant les QCM en ligne dans ce nouveau contexte), le texte proposait la formule suivante : « L’utilisateur est incité à développer sa propre pensée et son propre raisonnement ». Les élu·es Alternative à l’EPEX ont proposé comme amendement de remplacer « est incité à » par « doit ». Il ne s’agissait pas ici, bien évidemment, d’un devoir au sens juridique du terme – bien difficile à déterminer – mais de considérer que le développement d’une pensée et d’un raisonnement propres n’était pas seulement une option, mais une obligation au sein de l’enseignement supérieur. À propos de « l’intelligence artificielle » – mal dénommée puisqu’il s’agit seulement d’une synthèse de masses considérables de données et non d’une « intelligence » à proprement parler – , il ne s’agit pas uniquement d’une nuance sémantique, mais d’une différence fondamentale concernant le rôle des outils dans l’apprentissage. En effet, l’outil, aussi performant soit-il, doit être un levier dans la réflexion et ne jamais la remplacer. L’incitation « à développer sa propre pensée » représente en réalité un renoncement au sens même de l’enseignement supérieur.
Au-delà de la question de l’utilisation de l’IA, ce débat est particulièrement révélateur du rôle attribué à l’enseignement supérieur. En effet, celui-ci a officiellement un rôle à jouer dans l’insertion professionnelle des étudiant·es et, dans ce cadre, une bonne utilisation de l’IA sans développement d’une pensée propre peut suffire. Mais cette mission de l’enseignement supérieur a tendance à prendre le dessus sur l’ensemble de nos missions (voir la liste sur Légifrance). Ce n’est pourtant pas la seule : la réglementation indique en effet qu’une des missions de l’enseignement supérieur public est la « diffusion de la culture humaniste, en particulier à travers le développement des sciences humaines et sociales, et de la culture scientifique, technique et industrielle », ou encore qu’il contribue à « la diffusion des connaissances dans leur diversité et à l’élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel de la nation et des individus qui la composent ». Ce rôle – rarement évalué, peut-être faute de pouvoir se réduire à des indicateurs statistiques – implique le développement d’une pensée propre.
La CGT défend l’idée d’un enseignement émancipateur : cette émancipation repose sur l’élévation du niveau de connaissances et sur la capacité à se forger sa propre opinion, sa propre pensée, et non sur une vague incitation.
Repyramidage LPR : des maîtres de conférences (MCF) en professeurs des universités (PR)
L’ensemble des 5 organisations syndicales représentatives à l’Université de Lille ont demandé le report de la Formation Spécialisée Santé Sécurité et Conditions de Travail programmée le 3 avril en raison de la journée d’action nationale de grève et d’actions en faveur de la fonction publique.
La CGT, comme la FSU et SUD Éducation avaient boycotté la réunion du Comité Social d’Administration (CSA) du 3 avril. L’ensemble des organisations syndicales en avait été informé en amont par la CGT.
Le 3 avril, seuls le SNPTES et le SGEN-CFDT s’étaient connectés à la visioconférence du CSA. Faute de quorum, la réunion était sans objet. Le Conseil d’Administration, réuni le 3 avril, avait cependant délibéré sur la répartition par section CNU des postes ouverts au repyramidage des MCF.
Voici la déclaration liminaire de la CGT lue le 14 avril, date de reconvocation du CSA sur le même sujet.
Le dialogue social à l’œuvre à l’université de Lille
Pourtant inscrite dans le calendrier prévisionnel du Comité Social d’Administration (CSA), une réunion initialement prévue le 27 mars a été annulée par l’administration le 12 mars. Si elle ne l’avait pas été, elle aurait donné la possibilité à l’administration d’une date de repli au 3 avril en cas d’absence de quorum ou de vote unanimement défavorable au projet de répartition des postes de PR au titre du repyramidage soumis au Conseil d’Administration (CA) du 3 avril.
Le CSA a donc été convoqué le 3 avril à 8h15 sur un projet de délibération avec un document préparatoire modifié le 1er avril suite au CODIR, qui sera soumis au CA le même 3 avril à 13h.
Il était clair que dans de telles conditions, débats et avis recueillis dans ce CSA n’auraient aucune incidence sur le document soumis au CA. Indépendamment de l’absence de quorum le 3 avril, le calendrier choisi n’avait de finalité que de répondre à une exigence réglementaire et non d’ouvrir un quelconque dialogue social.
Malgré l’absence d’avis recueilli en CSA suite à l’absence de quorum, le CA a délibéré le 3 avril. L’administration a choisi délibérément de passer outre les règles en raison de l’urgence de transmission au ministère de la répartition des postes PR en repyramidage. Dont acte. Il n’est pas de notre intention de déposer un recours sur la décision du CA qui viendrait pénaliser les collègues candidat·es à ces repyramidages qui ne sont en rien responsables.
Aussi, nous avons été surpris, de la reconvocation du CSA ce 14 avril. Cette fois, le CSA se réunit en connaissant par avance le document qui a été adopté en CA. Dès lors, recueillir son avis relève d’un simulacre démocratique qui s’est pris les pieds dans le tapis.
En conséquence les représentants de la CGT ne prendront part ni au débat, ni au vote.
Au final, ni la CGT, ni la FSU, ni Sud-Education n’ont participé au vote.
Avis : Une voix pour (SGEN-CFDT) et 5 ne prennent pas part au vote (2 CGT, 2 FSU et 1 SUD) qui seront comptés en abstentions.
La CGT FERC Sup appuie la suppression du HCERES en cours
La CGT FERC Sup se félicite du vote de la représentation nationale, jeudi 10 avril 2025, pour entériner la suppression de l’agence « d’évaluation » de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) publique, le HCERES (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur). Cette agence participait depuis 2013 à la destruction de notre service public, en imposant aux collègues, sous couvert d’évaluer les formations et les laboratoires de recherche de nos universités, une complète soumission aux critères du « new public management », cette doxa néo-libérale visant à laminer le service public de l’ESR.
La suite sur le site de la CGT FERC-Sup
Lors de la séance du 11 mars 2025 du CNESER (Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche), la CGT a abordé dans sa déclaration liminaire, le scandale des évaluations de la vague E du HCERES. Le texte de la déclaration est disponible en ligne.
Revoyure LPR 2025 - les revendications de la CGT
Après ses annonces le 19 mars confirmant l’application de la clause de revoyure de la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) et après avoir fixé au 14 avril les remontées des contributions des établissements et des organisations syndicales de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR), le ministre Philippe Baptiste a convoqué, le mardi 15 avril, les organisations syndicales pour discuter de leurs propositions. La CGT s’y est rendue pour porter ses revendications, a rappelé son opposition totale à la LPR, qui n’a même pas couvert les 15 % d’inflation depuis 2021 d’inflation depuis 2021, sans plan de recrutement ou de titularisation, sans revalorisation du point d’indice, et, en revanche, participant à la casse du statut de la fonction publique avec la mise en place de chaires de professeurs juniors (CPJ) et de contrats de mission. La revalorisation indemnitaire des seuls chercheur·ses et enseignant·es a été mangée par l’inflation, pendant que les personnels administratifs et techniques étaient condamnés à une diète indemnitaire quasi-complète. La seule mesure positive était le « repyramidage » qui, en ouvrant la possibilité de certaines promotions supplémentaires, laissait entrevoir quelques perspectives.
Le détail de nos revendications est disponible en ligne.
Avancement et promotion de grade des personnels administratifs (AENES)
L’union nationale CGT FERC-Sup présente les possibilités d’évolution de carrière des agent·es fonctionnaires AENES : avancement d’échelon, de grade et de corps : https://cgt.fercsup.net/les-dossiers/statuts-carrieres/carrieres/article/avancement-et-promouvabilite-des-personnels-administratifs-aenes
CNESER du 11 mars 2025 - Budget - Interventions CGT et Votes
Annonce de la déclaration liminaire de la CGT :
Nous souhaitons intervenir sur le scandale des évaluations des formations de la vague E par le HCERES, dont le nombre d’avis défavorables ou réservés augmente de manière exponentielle par rapport aux vagues précédentes. Le mois dernier, nous demandions déjà la même sévérité pour les établissements supérieurs privés que pour les formations publiques, et nous n’avions pas encore le retour des évaluations de cette vague E. Au-delà des erreurs factuelles, il y a un vrai problème de fond avec ces évaluations, dont on a l’impression qu’elles appliquent une même grille sans analyser le contexte de la formation et/ou des établissements qu’elle évalue…
Avis sur la répartition des moyens du Ministère de l’ESR - Avis sur les programmes 150 et 231
Intervention CGT : Le ministère annonce une hausse de 247 millions, mais cette augmentation est trompeuse. Il aurait fallu doubler la mise pour couvrir les 2% d’inflation de 2024. Le budget 2025 est donc particulièrement faible et ne permet toujours pas aux établissements de l’ESR de fonctionner correctement…
Résultat du vote : 3 pour ; 59 contre (dont CGT) ; 12 abstentions
Avis sur la répartition des moyens du Ministère de l’ESR - Avis sur les programmes 172
Intervention CGT : Notre ministre, M. Philippe Baptiste, pourtant ancien DGDS (Directeur Général Délégué à la Science) du CNRS, a décrété que « l’effort » (euphémisme pour désigner les réductions budgétaires) devait être porté essentiellement par les organismes de recherche, sous prétexte qu’ils « bénéficient d’une trésorerie » qui amortirait ces « mesures d’économies » (encore un euphémisme) prétendument exceptionnelles...
Résultat du vote : 3 pour ; 59 contre (dont CGT) ; 11 abstentions
→ Retrouvez l’intégralité de ce compte-rendu de la CGT.
INSPE, Réforme de la formation des enseignants : des annonces, mais toujours beaucoup de questions
Le gouvernement a présenté les grandes lignes de la réforme de la formation des enseignants, prévue pour la rentrée 2025. Si les mesures clés sont désormais connues, comme la nouvelle licence dédiée et la formation en alternance, des incertitudes demeurent sur le financement et la mise en œuvre concrète.
En somme, les annonces sont faites et les décisions prises dans la foulée, mais leur application reste semée d’incertitudes.
Pour résumer, cela avance à toute vitesse, mais sans savoir exactement comment cela va être financé.
Les mêmes soucis qu’en 2024
Ce projet n’est pas tout neuf : il reprend une réforme mise de côté l’an dernier après une grosse mobilisation. Il semble qu’ils n’ont pas tenu compte des erreurs passées. Une fois de plus, tout doit se faire dans l’urgence pour la rentrée de septembre 2025, et comme l’an dernier, il n’y a aucune concertation avec les collègues des Inspé et des universités impliqués dans la formation des enseignant·es.
Des réunions mais pour quoi faire ?
Le gouvernement a prévu des réunions pour présenter la réforme, mais est-ce vraiment de la concertation ? D’abord, le 2 avril 2025, une première réunion pour expliquer "le cadre" et la méthode de travail. Ensuite, quatre groupes de travail ont été prévus (GT) :
Mais dès la réunion multilatérale du 2 avril 2025, plusieurs syndicats ont quitté la séance après avoir appris que la marge de négociation sur le projet de décret serait quasi inexistante. Le décret modifiant la condition de diplôme pour se présenter au concours est en effet publié au Journal officiel dès le 17 avril, avant la tenue de tous les groupes de travail et sans avis du CSA du Ministère de l’Education Nationale. Le second point de tension de la réunion a porté sur l’obligation de service de quatre ans pour les lauréats du concours, à compter de leur titularisation. L’ensemble des syndicats se dit opposé à cette mesure, le principal argument étant qu’elle risque de dissuader les jeunes de s’engager vers un métier justement en recherche d’attractivité.
Des promesses sans financement clair
Côté contenu, la réforme s’appuie sur un projet de décret validé par le Conseil d’État en juillet 2024, mais suspendu ensuite. Le texte prévoit que les lauréats des concours deviennent "fonctionnaires" dès leur entrée en M1, avec des salaires de 1 400 € en M1 et 1 800 € en M2. Mais là encore, gros point d’interrogation : comment financer tout cela ? Le gouvernement semble vouloir reprendre les grandes lignes du projet, mais de nombreuses informations importantes manquent, surtout sur le budget. On parle de 500 millions d’euros supplémentaires pour une application totale en 2028.
Une réforme de la formation, mais qui reste floue
L’objectif de la réforme est d’améliorer la formation des enseignants, avec des concours proposés dès la troisième année de Licence et des formations en alternance jusqu’au niveau master. Une nouvelle licence qui devrait voir le jour : la "licence professorat des écoles". Finis les Parcours Préparatoires au Professorat des Écoles (PPPE), parcours de licence dispensés en alternance entre lycées et universités créés en 2021, et place à un futur master "métiers de l’enseignement et de l’éducation" (M2E) pour remplacer le master MEEF.
Une nouvelle fois, le calendrier d’application de la réforme va peser sur les équipes pédagogiques dans les universités pour mettre en œuvre, dès la rentrée 2025, des modules de préparation aux concours pour les L3 et M1 MEEF sans compter sur l’effet d’impréparation de la réforme sur le moral des candidat·es au concours.
Et l’avenir des Inspé dans tout ça ? Le gouvernement a finalement laissé de côté l’idée des fameuses « écoles normales du XXIe siècle », mais ça ne veut pas dire que tout va rester figé. Pour l’instant, on ne sait pas vraiment si les Inspé vont continuer sous leur forme actuelle ou si elles vont encore changer de nom et de structure – comme ça a été le cas avec les IUFM, puis les ESPÉ en 2013, et enfin les Inspé en 2019. À force de rebaptiser les mêmes institutions, on finit par ne plus trop savoir qui fait quoi… et ça n’aide pas à y voir clair dans la formation des enseignants.
Certains s’interrogent aussi sur la place grandissante que prend le ministère dans la formation des enseignants. Bien sûr, qu’il définisse les grandes lignes et les profils qu’il recherche, c’est normal. Mais beaucoup rappellent que le contenu même des formations, c’est normalement la mission des Inspé et des universités, qui sont là pour ça. À force de vouloir tout cadrer depuis le haut, on peut se demander ce qu’il reste comme marge de manœuvre aux équipes sur le terrain.
Pourquoi cette réforme ?
La raison de cette réforme est simple : il y a une crise des vocations dans l’enseignement. En 2024, des milliers de postes sont restés non pourvus, surtout dans les académies de Créteil, Versailles, Guyane et Mayotte. Malgré tous les efforts pour améliorer les concours, cela ne suffit pas. Le gouvernement espère qu’une meilleure formation et des conditions de recrutement plus intéressantes pourront inverser la tendance. Mais là aussi, l’avenir reste incertain.
Conclusion :
Pour résumer, le gouvernement avance à grands pas pour relancer la réforme de la formation des enseignants, mais il reste une multitude de questions sans réponse. Il y a encore beaucoup d’incertitudes, que ce soit sur la consultation des enseignants, le financement ou même la mise en œuvre de la réforme. Si l’objectif est d’améliorer la formation et de résoudre la crise des vocations, nous verrons bien si tout cela prendra forme comme prévu. Mais pour l’instant, la réforme ressemble plus à un passage en force du gouvernement avec un calendrier très contraint.
Communiqué intersyndical du 25 mars suite aux annonces d’Élisabeth Borne
Décret réformant les concours d’enseignants officiellement publié au JO
Retour sur le Café Culture du 14 février
“Marzi” la bande dessinée de Marzena Sowa et Sylvain Savoia
Présenté par Mathilde : Je souhaite présenter une bande dessinée intitulée Marzi et qui raconte l’histoire d’une petite fille en Pologne dans les années 80.
Marzi est une BD en 7 tomes, une chronique douce-amère d’une jeune fille, de l’autre côté du mur, disait-on, qui va de l’enfance à l’adolescence dans les années 80-90, en Pologne. Elle vit dans une cité HLM d’une ville industrielle. Elle évolue dans un pays où l’on doit vivre au milieu de nombreuses difficultés quotidiennes. Cependant, Marzi reste une enfant comme les autres, gaie, insouciante et observatrice, qui, en grandissant, perd peu à peu son innocence. Cette chronique a pour toile de fond les luttes politiques et syndicales du syndicat Solidarnosc, qui conduiront à la fin du régime installé après la Seconde Guerre mondiale. Les premières années pleines d’espoir cèdent la place à une nouvelle société polonaise qui voit l’apparition, pour cette génération, de l’enrichissement personnel et des injustices sociales, de la drogue et du sida.
L’auteur se base sur sa jeunesse en Pologne, dans le contexte de la lutte des ouvriers des chantiers navals de Gdansk du syndicat Solidarnosc, qui, au travers de nombreux mouvements, s’opposent au gouvernement polonais, inféodé au stalinisme russe déclinant.
La bande dessinée a paru en France en épisodes dans le journal Spirou. Par certains côtés, le ton du récit rappelle « Goodbye Lenin », récit d’une femme hospitalisée lors du changement de régime de la RDA, dont ses enfants lui cachent, car elle pourrait ne pas survivre à cette annonce. Une certaine nostalgie des années 80 à l’Est.
“L’hospitalité du Démon” de Constantin Alexandrakis
Présenté par Hana : Je suis venue vous parler de ce livre que j’ai récemment lu. Il m’a beaucoup impressionné.
Dans un Danemark imaginaire, un homme devient père d’une petite fille. Ses souvenirs d’enfance ressurgissent. Souvenirs d’attouchements sexuels subis entre 8 et 12 ans. Afin de conjurer sa peur de la répétition, il se lance dans une cartographie du « Grand Continent des violences sexuelles ».
Ce long voyage oscillant entre farce et cauchemar durera six ans. Il y évoque des cas de prédateurs sexuels connus : il évoque des figures emblématiques de la sexualité problématique : le roman Lolita et des personnalités comme Michael Jackson. L’ouvrage nous entraîne, bien des années après, dans le vécu et le ressenti d’un homme abusé, tout en parvenant à ne pas demeurer une victime. Il s’agit d’un récit de réflexion. Une sorte de radiographie du Mal. Malgré cela, l’ouvrage reste facile à lire d’un certain point de vue.
Film “Jouer avec le feu” de Delphine Coulin et Muriel Coulin - 2024
Tiré de l’ouvrage “Ce qu’il faut de nuit” de Laurent Petitmangin.
Pierre (Vincent Lindon) est cheminot à Metz, il élève seul ses deux enfants. Son premier fils Félix dit Fus (Benjamin Voisin) ne parvient pas à s’en sortir dans son BTS, devient de plus en plus secret et part à la dérive. Le second fils, Louis (Stefan Crepon), réussit ses études et part à la Sorbonne, il progresse dans sa vie avec aisance. Fasciné par les rapports de force, il se radicalise progressivement et se rapproche de l’ultra-droite, à l’opposé de son père. Le propos politique reste en arrière-plan, bien qu’il soit présent. Le père se questionne sur l’emprise des fréquentations de son fils et sur l’amour qu’il doit lui porter. Doit-il accepter son fils et ses différences ? Pour lui c’est l’incompréhension.
Le contrôle coercitif. Au cœur de la violence conjugale. Andrea Gruev-Vintila.
Présenté par Sonia, très impliquée contre les violences sexistes et sexuelles, elle nous parle de cette notion méconnue de la violence conjugale.
L’ouvrage traite de la violence conjugale. Actuellement, lors d’un jugement, la situation de la victime n’est pas facile, c’est parole contre parole. Le contrôle coercitif est une méthode qui peut aider les victimes à rassembler un faisceau d’actes, de faits, de situations vécues, comme autant de preuves attestant de la réalité de la violence conjugale.
Présentation du contrôle coercitif faite par l’association Women for Women en France
Le contrôle coercitif est défini comme un acte délibéré ou un schéma comportemental de contrôle, de contrainte ou de menace utilisé par un individu contre une personne, un(e) partenaire intime ou un(e) ex-partenaire, dans le but de la rendre dépendante, subordonnée et/ou de la priver de sa liberté d’action. Les agresseurs intimident, humilient, surveillent, manipulent et/ou isolent afin d’exercer leur pouvoir et leur contrôle. Les tactiques, au fil du temps, peuvent être psychologiques, physiques, sexuelles, émotionnelles, administratives et/ou économiques. L’auteur d’un contrôle coercitif isole souvent sa victime de toute forme de soutien, exploite ses ressources, l’empêche d’accéder à de nouvelles ressources, réglemente la vie quotidienne de la victime et la prive des moyens nécessaires pour accéder à l’indépendance, résister ou s’enfuir.
Le contrôle coercitif se distingue des agressions isolées.
L’ouvrage :
Le contrôle coercitif est un concept qui pourrait révolutionner la vision de la violence conjugale et sa traduction juridique en France. Le contrôle coercitif, concept central d’une approche globale de la violence conjugale et intrafamiliale comme atteinte aux droits humains, désigne un répertoire de comportements oppressifs basés sur le privilège donné par le sexe. Il révèle la violence conjugale comme étant une forme de la violence sociale, loin de sa représentation courante comme forme houleuse de conflit conjugal/parental.
“La Route de la liberté” de Howard Fast.
Présenté par Stéphan
Roman conçu à partir de faits historiques.
En 1867, la guerre de Sécession est terminée. C’est la période dite de la Reconstruction à la suite de la capitulation de l’armée sudiste. Gideon Jackson s’est engagé dans les troupes de l’Union, comme 200 000 autres Noirs du Sud. Après la guerre, il rentre à la plantation Carwell, où l’attend sa famille. Il est délégué à la Convention constitutionnelle de Caroline du Sud, puis membre de la Convention d’État, chargée d’entériner l’abolition de l’esclavage où siègent aussi de nombreux propriétaires terriens, anciens esclavagistes. Il s’y instruit, apprend la vie politique, se trouve mêlé à des intrigues, parvient par sa volonté et sa loyauté à inspirer une forme de respect. Il s’efforce d’éduquer à son tour les siens. Peu à peu les Noirs commencent une existence digne d’hommes libres. Les troupes nordistes qui occupaient la ville partent. Cependant, l’atmosphère change très rapidement sous l’influence des anciens esclavagistes, qui constatent qu’un rapprochement se dessine entre les pauvres ayant tout perdu et les anciens esclaves. Les anciens esclavagistes qui n’entendent pas renoncer à leurs privilèges fondent le Ku Klux Klan et attisent la peur que les Noirs prennent leurs terres et leurs derniers biens. Ils engagent contre les anciens esclaves une lutte inégale, au cours de laquelle Gideon Jackson et les siens trouveront la mort. Ce récit retrace le combat, toujours actuel, des Noirs américains : après la fin de l’esclavage, ils ont dû continuer, comme Gideon Jackson, à lutter contre la ségrégation raciale.
Rappel : la CGT Université de Lille tient son prochain Café-Culture mercredi 30 avril à LILLIAD – salle C, campus Cité Scientifique, de 12h à 14h.
Shadok Cabinet Saison 4, épisode 3 dit des démonstrateurs
Sur la planète Shadok, les temps étaient durs et il était difficile de mobiliser la population pour entreprendre de nouvelles transitions. Aussi, le Professeur Shadoko avait développé le concept de démonstrateurs. Tiré au sort, un Shadok démonstrateur de la transition écologique dut ainsi s’exiler dans un recoin d’un lointain campus et y vivre sans chauffage l’hiver et sans climatisation l’été. Mais comme c’était la situation de bon nombre de Shadoks, le démonstrateur n’avait jamais obtenu le statut de pionnier innovateur et arrivait encore moins à vendre aux autres une situation aussi banale que d’être mal chauffé l’hiver et surchauffé l’été.
Quand il fallut aussi économiser sur l’offre de formation au pompage, le Professeur Shadoko avait mandaté un démonstrateur de la réduction horaire. Ce dernier arrivait, déployait son aspirateur à heures complémentaires et balayait les parcours d’enseignement de fond en comble pour y chasser la moindre poussière de masse salariale. Les enseignements en présentiel étaient passés en distanciel puis ceux en distanciel en virtuel. Forcément, avec les réductions horaires, on se posait la question de l’occupation des Shadoks formateurs. Un rapide calcul analytique avait conduit à la conclusion qu’il coûtait moins cher de les payer à ne pas enseigner. Ce qui est rare est cher, et donc l’offre de formation devenue rare se payait au prix fort pour les étudiants qui devaient désormais payer pour rien ou pas grand-chose, estimaient que ce prix était exorbitant. Devant leur mécontentement, il fut accordé une dispense d’examens, ce qui maximisait l’indicateur de réussite pour l’HCERES. Quant à leur employabilité, on s’accordait à penser que pour pomper, nul était besoin de réfléchir et que cela s’apprenait aisément par l’apprentissage sur la pompe, apprentissage qui justifiait d’ailleurs un financement supplémentaire.
Voici donc les trois indicateurs clés promus par le Haut Conseil de l’École de la Résilience à l’Excellence Stellaire (HCERES dans la langue des Gibis) désormais optimisés : coût, réussite et employabilité.
Et comme la réflexion est le ferment des révolutions à venir, la planète Shadok gagnait en stabilité politique par la dégradation de ses formations. Nul ne serait besoin désormais de faire appel aux forces de l’ordre sur les campus !