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vendredi 9 octobre 2020

Réformes, vie pédagogique,...

Bachelor Universitaire Technologique, non à cette réforme sans préparation réelle !

Déclaration CGT - CPN CS-IC-MMI

Notre organisation tient à dénoncer les conditions inacceptables qu’impose le ministère de l’enseignement supérieur à la création du Bachelor Universitaire Technologique.

Attachés au service public de l’enseignement supérieur et à une formation de qualité pour la jeunesse, nous tenons, au travers de nos représentants en CCN, CPN, Conseils d’IUT à protester contre la démarche engagée. Le passage au Bac+3 des formations délivrées par les IUT ne doit pas se faire au détriment de la qualité de la pédagogie et du caractère national du diplôme.

Le calendrier imposé par le ministère de l’enseignement supérieur, dénoncé à plusieurs reprises comme intenable est encore plus irréaliste au regard de la crise sanitaire et sociale que nous traversons.

Les équipes enseignantes ont été mobilisées sur la continuité pédagogique, l’accompagnement des étudiants pendant la période de confinement, la procédure parcours Sup, les vies familiales de chacun percutées par cette période inédite.

Partout, les équipes pédagogiques indiquent que les injonctions paradoxales, les cadences délirantes et l’absence de reconnaissance du travail engagé produisent une augmentation inquiétante des risques psycho sociaux, une souffrance au travail rarement atteinte.

La réforme du DUT en BUT est une réforme profonde. Au-delà du passage de deux à trois années de formation, il s’agit du passage d’une démarche d’enseignements disciplinaires à une démarche de formation par compétences. Elle ne peut pas être ainsi menée dans la précipitation.

La proposition en CCN de ne produire que la maquette de 1ère année pour septembre 2021 est particulièrement symptomatique de l’impréparation de cette réforme. Il semble qu’il n’y ait plus qu’un seul impératif : tenir un calendrier préfixé par des échéances politiques, quitte à ce que ce soit au mépris d’une formation de qualité et des conditions de travail minimales nécessaires aux équipes enseignantes et à l’intervention des représentants du monde socio-économique, notamment salariés

A ce jour, le Ministère reste sourd aux demandes du report de calendrier, aveugle face aux risques majeurs d’une réforme ratée. Il avance seul à marche forcée. Avec des documents remis en dernière minutes, l’absence de votes formels et de comptes rendus de réunion, la CCN n’est pas en mesure de jouer son rôle et les oppositions qui peuvent s’y exprimer restent non seulement sans effet mais sans trace.

La mise en œuvre dans ces conditions de la réforme du BUT par la Ministre de l’Enseignement Supérieur ne peut qu’entraîner une perte de lisibilité de ce diplôme pourtant reconnu comme pertinent par tous les secteurs économiques et par les étudiants. Il doit permettre tout à la fois une formation de qualité des salariés, adaptée au monde du travail et une promotion sociale au travers de la filière technologique, préparant à une poursuite d’étude supérieure tout au long de la vie, véritable promotion sociale par le travail.

C’est pour toutes ces raisons que nous exigeons un report du calendrier pour permettre à chacun des acteurs du réseau IUT de travailler à la maquette des diplômes dans leur intégralité, à l’adaptation aux enjeux contemporains du monde économique et au maintien d’une formation de qualité, exigeante.

La Ministre de l’Enseignement Supérieur ne peut rester sur des positions dogmatiques au mépris des alertes des enseignants et des acteurs des champs professionnels. Le réseau IUT n’a besoin ni de plus d’accompagnement, ni de plus de lettre de cadrage. Il a pu démontrer à maintes reprises ses capacités d’innovation, d’élaboration, d’adaptation mais il a besoin de temps pour pouvoir construire un diplôme national, universitaire et technologique à Bac + 3 en plus de ses missions quotidiennes, d’enseignement, de recherche, d’évaluation. Ce travail est incompatible avec l’agenda ministériel. Le maintien de l’échéance de septembre 2021 ne pourrait être compris que comme un mépris face aux enjeux et aux conditions de travail dégradées et démontrer l’absence totale d’ambition du ministère pour ce rendez-vous historique du Bac+3.

Dans ce contexte, la CGT et son UGICT ne peuvent être qu’au côté des enseignants et des étudiants, pour défendre l’existence de l’IUT et de ses formations de qualité, conforme à cette innovation pédagogique qui dure depuis maintenant plus d’un demi-siècle.