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Paris, le 27 avril 2022
La section EHESS de la LDH, la CGT-FERC-Sup EHESS et la section EHESS de la FSU condamnent fermement les violences et destructions survenues lors du mouvement étudiant ayant occupé entre mercredi et samedi le bâtiment EHESS au Campus Condorcet. Celles et ceux qui y étudient et y travaillent au quotidien subissent de la manière la plus aiguë les conséquences matérielles mais aussi psychologiques des graves atteintes qui ont été commises contre leur outil de travail.
Les occupant·es ont gravement desservi leur mouvement en n’empêchant pas une minorité violente d’y célébrer leur rituel de pseudo-radicalité viriliste. Les vols de matériel de travail, les destructions gratuites, les injures antisémites et les menaces formulées sur les murs à l’égard des personnes, de la communauté scientifique ainsi que d’organisations syndicales et politiques sont inacceptables.
Toutefois, l’image que plusieurs d’entre nous ont pu se faire en se rendant sur place pendant l’occupation est aussi celle d’un groupe divers d’étudiant·es de l’EHESS, allié∙es à des étudiant∙es d’autres universités, qui ont cherché par cette action à s’approprier leur école pour la transformer en un espace non seulement d’étude et de travail, mais aussi de construction politique et d’échange social avec l’environnement populaire du site. On ne saurait réduire le mouvement étudiant aux éléments destructeurs qui l’ont noyauté et débordé. Les étudiant·es avaient exprimé leur souhait d’engager une logique de transformation avec, et non pas contre, les personnels et les enseignant·es de l’EHESS.
Rappelons la séquence plus large dans laquelle s’inscrit cette occupation. Les premières tentatives de mobilisation étudiante face à l’urgence politique et climatique ont été tuées dans l’œuf lorsque les universités concernées ont décidé de fermer les unes après les autres, empêchant la participation du plus grand nombre – situation qui s’est répétée jusqu’à conduire à celle que nous venons de connaître à l’EHESS.
En effet, dans une situation où la présence massive de personnes pouvant médiatiser le dialogue et empêcher des exactions aurait été indispensable, on peut s’interroger sur la pertinence et sur l’efficacité de la décision de faire intervenir la police aux portes du bâtiment dès mercredi après-midi, puis d’imposer à l’ensemble des personnels et étudiant∙es le travail à domicile et de fermer sans concertation la totalité du campus. Cette réponse incarne précisément la logique autoritaire, technocratique et tout-sécuritaire contre laquelle se révoltent les étudiant∙es, qui peinent à trouver leur place sur un campus qui semble avoir été imaginé sans elles et sans eux.
On se tromperait en voyant dans ce virage autoritaire une solution face aux brutes qui lui auront, une énième fois, livré une justification facile. Loin de protéger la communauté universitaire, le contournement et le démantèlement des mécanismes démocratiques et des espaces de sociabilité et d’organisation des étudiant∙es finissent au contraire par la désarmer. A cette heure, il est plus que jamais nécessaire de les défendre.
Nous demandons :