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25/02/2025
Budget : un déficit abyssal malgré des recettes en forte hausse - Quoi, Comment, Pourquoi ?
Chères collègues, chers collègues,
Nous faisons suite à l’annonce du budget rectificatif 2025 de l’Université Paris 1, arrêté par le rectorat de Paris et présenté au CA le 6 février dernier.
Nous disposons désormais d’éléments chiffrés * en dépense et en recette sur une période de 5 ans : des chiffres étonnants ! En effet, nous constatons une hausse générale de notre budget d’environ 19% sur la période 2020-2025 ce qui, en valeur, représente un gain de + 41 550 936 euros. Bien entendu, nous avons bien conscience qu’il faut retirer de cette somme les dépenses dites gagées qui ne peuvent pas abonder le budget de l’Université. (ANR, fonds de l’Union Européenne etc).
En 2020, notre établissement disposait d’un solde budgétaire excédentaire d’environ 4 millions d’euros, un solde positif qui progresse même pour atteindre 6 millions d’euros en 2021 et 2022.
Pour autant, notre communauté a découvert, le 6 décembre 2024, une situation budgétaire fortement dégradée, l’équipe présidentielle sortante présentant au vote un budget 2025 avec un solde budgétaire négatif d’environ 23 millions d’euros (si on s’en tient au tableau fourni par le Rectorat, le solde - négatif - pour 2024 est de 7 millions d’euros environ).
1° Des recettes en forte hausse sur la période 2020-2025
Nous observons également une forte hausse de la dotation de l’État (c’est-à-dire la subvention pour charge de service public) pour notre établissement : en effet, la hausse cumulée pour les 5 derniers exercices est d’environ 21 millions d’euros, ce qui représente une augmentation sur la période d’environ 12%. Nous constatons même une hausse entre le budget initial voté par le CA et le budget arrêté par le rectorat.
Nous souhaiterions connaître le détail de cette hausse. S’agit-il uniquement de compensations accordées par l’État pour pallier les mesures dites ’Guérini’ (augmentation du point d’indice de la Fonction Publique d’État, ajout de 5 points d’INM, etc) ?
Nous remarquons également une hausse exponentielle de la subvention d’investissement d’environ + 2250% sur la période : elle passe de 133 233 euros en 2020 à 3 129 059 euros en 2025. Nous constatons même que cette forte augmentation a été accordée lors de l’arbitrage du Rectorat en janvier.
À quoi cela correspond-t-il précisément ? Nous savons d’ores et déjà qu’il ne s’agit pas de dépenses pour l’achat de mobilier pour le campus La Chapelle, car la gouvernance sortante a fait le choix de financer ce coût sur les crédits CVEC.
Concernant les ressources propres : nous observons une forte hausse des ressources propres sur cette période de 5 ans : +13 millions d’euros, à savoir une évolution à la hausse d’environ 100%. En examinant les retenues opérées par l’établissement sur ces ressources propres (frais de gestion, mises en réserve etc), nous comprenons que l’établissement bénéficie de davantage de trésorerie, hors recettes gagées (conventions ANR, projets de recherche financés par l’Union européenne etc).
A contrario, nous ne nous expliquons pas la légère baisse des recettes pour les bibliothèques interuniversitaires Cujas et Sorbonne (en moyenne -2,5%) et souhaiterions en connaitre la raison.
2° Un solde budgétaire négatif abyssal dont l’origine est mystérieuse et problématique
Premièrement, nous observons une hausse de 18% en dépenses de masse salariale pour notre établissement sur la période 2020-2025. Cela correspond aux recettes attendues pour charges de service public arrêtées par le Recteur pour le budget 2025, soit 197 157 459 euros.
Concernant l’enveloppe de formation, c’est-à-dire la dotation de l’établissement pour les composantes et instituts : on remarque que le budget 2025 diminue d’environ 39% par rapport à 2024. Globalement, le budget consacré aux dites structures est inférieur au budget dédié au début de la mandature de l’équipe sortante. Nous nous étonnons que, malgré des recettes en forte hausse, l’Université ai choisi durant ces 5 dernières années de fort peu revaloriser les budgets des composantes et instituts.
Concernant l’enveloppe de recherche, c’est-à-dire la dotation de l’établissement consacrée aux laboratoires : on constate que le budget diminue d’environ 42% entre 2024 et 2025. De la même façon, malgré des recettes en forte hausse, l’Université a fait le choix durant ces 5 dernières années de revaloriser à la marge les budgets de laboratoires.
Parallèlement l’enveloppe consacrée aux services centraux croît de plus de 81% entre 2020 et 2025 : elle représentait 15 millions d’euros en 2020 et 28 millions d’euros en 2025 (25 millions € au budget rectificatif 2025).
Nous comprenons que l’explication mystérieuse et problématique est peut-être à trouver dans la nature des dépenses ? Nous réclamons une explication sur cette hausse vertigineuse, à savoir quels ont été précisément les montants des dépenses en investissement, fonctionnement, voire en masse salariale ?
S’agissant des dépenses prévues pour 2025 des bibliothèques interuniversitaires (Cujas et BIS), c’est le même constat : une forte diminution, de l’ordre de - 900 000 euros pour Cujas, et - 1 300 000 euros pour la BIS. Le résultat est donc identique : des recettes en forte hausse pour l’établissement, peu d’abondement aux budgets des bibliothèques, et un sacrifice énorme demandé au titre des économies à réaliser.
3°In fine, le bateau coule. Qui a percé la coque ?
Des recettes en forte hausse, et un budget arrêté pour 2025 qui concentre l’essentiel des économies à réaliser sur les dépenses de fonctionnement et d’investissement consacrées à la formation (UFR), à la recherche (Laboratoires & Écoles Doctorales) et aux bibliothèques. Or au regard des chiffres présentés au CA, nous ne comprenons pas pourquoi les efforts sont ainsi répartis ? Ne faudrait-il pas analyser davantage l’origine énigmatique et problématique de ce déficit, avant d’arrêter un plan d’économies inéquitable touchant presque exclusivement les structures incarnant le cœur de métier et la mission première de notre université ?
Nous nous inquiétons fortement d’un déficit représentant près de 10% du budget de l’Université, soit environ 23 millions d’euros, prévu par l’équipe sortante, et d’économies envisagées pour le budget 2025 à hauteur de 13 millions d’euros "seulement". Doit-on s’attendre à 10 millions d’effort supplémentaires à réaliser plus tard ?
Pour conclure, nous rappelons à toutes et tous les très faibles augmentations consenties au titre de l’IFSE et ce alors que nous sommes depuis 4 ans dans un contexte de forte inflation générale des prix, alors même que les recettes de l’établissement sont en forte hausse et que le Ministère a abondé le budget de l’Université pour aider à revaloriser la part prime.
Nous affirmons une nouvelle fois que des arbitrages budgétaires, si préjudiciables pour les personnels titulaires et non titulaires de Paris 1, n’ont pu être faits que sciemment.
La CGT FERC Sup de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne exige des explications quant à la cause de la hausse démesurée des dépenses et par conséquent à l’aggravation de ce déficit abyssal dont nous subirons toutes et tous, personnels et usagers de Paris 1, les conséquences pendant les années à venir.
L’ESR public en 2025 : vers un naufrage sincère, régulier et fidèle ?
(suggestion de présentation)
* Budget initial 2025 fourni par le rectorat :