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Compte rendu des représentants CGT SU de la restitution du rapport "Qualité de Vie au Travail" (QVT) remis en juin 2023 à la présidente de SU et présenté le 15 septembre aux organisations syndicales.
L’ancienne DRH de SU qui a mis en place la fusion était missionnée sur l’année universitaire 2022-2023 pour effectuer ce travail.
Pour la présidente de SU, ce rapport est une base pour l’insérer comme un des axes prioritaires dans le projet d’établissement 2024, et identifier les actions à mener. Et il y aurait un "minimum de budget associé".
But de la mission : "redonner confiance" ; apporter du "positif pour soi et le collectif". Sur ce sujet, travailler ensemble dans les contraintes du contexte (ministériel, politique, etc.). Et on est invité à parler "franchement". A la CGT, on parle déjà franchement dans toutes les instances où nous avons des élus !
La chargée de mission présente le topo basé sur les retours de 138 agents (NB : sur les 10.000 agents travaillant à SU) et leurs propositions : "Ils sont super contents d’être à SU". Cela étant dit, le document indique : "non représentativité de l’étude, agents adressés par les facultés". FO signale d’ailleurs que l’étude est biaisée car il y a une surreprésentation des catégories A.
La présentation continue en citant une évaluation de l’état des services publics qui place l’université en grande difficulté, juste derrière l’hôpital, reconnaissant qu’à SU, "15% des structures dysfonctionnent d’après les chiffres de la médecine du travail". Et 70% qui dysfonctionnent ponctuellement... Le manque de personnels et la surcharge de travail sont manifestes. La direction reconnait aussi de lourdes disparités en termes de conditions matérielles selon les structures (Volonté d’un "grand plan" d’équipements, matériel informatique, fauteuils ergonomiques pour tous, etc. On n’a pas évoqué les fauteuils massants mais on n’en était pas loin…).
Plus intéressant, la direction reconnait qu’il y a une "suradministration" à SU et qu’il y a là, "matière à progresser surtout en RH et finances".
La chargée de mission finit en opposant doctement 2 types de logiques de travail difficiles à imbriquer : la partie "traditionnelle", qui demande aux agents et aux services d’assurer la continuité du service public ; et celle, plus ou moins nouvelle, de travailler davantage en "mode projet".
Toutes les organisations syndicales sont d’accord sur la complexification très intense élaborée à SU qui pénalise services et agents. Plusieurs organisations syndicales enfoncent le clou sur les signalements RPS restant sans effet. Ce thème des signalements, leur saisie, leur accès, leur traitement, occupe une bonne part de la discussion et cristallise la colère d’à peu près toutes les organisations syndicales. La CGT demande combien d’audits, de rapports et d’enquêtes sur des dysfonctionnements ont eu lieu à SU et si la chargée de mission s’est servie de ces documents pour sa rédaction. La présidente indique que leur nombre était accessible dans le rapport social. Quant à la chargée de mission, non, la malheureuse n’est d’ailleurs pas autorisée à lire ces documents...
Après la présentation, la présidente lance le "share" [partage] pour "porter quelque chose en commun". Alors ça a "sharé" sec : des signalements RPS non traités, du retard dans l’agenda social (Réponse claire : retard dû à des équipes en sous-effectifs et aux successions ininterrompues de réformes), l’inextricable complication administrative. Et des idées fusent et le papotage s’engage, sans aucun intérêt : la création d’un annuaire trombinoscopique, comment traiter les nombreux mails, etc., sans oublier le concours d’anecdotes plus ou moins palpitantes "quand j’ouvre mon parapheur, le nombre de signatures avant la mienne est surréaliste". On perd un bon quart d’heure avec ces conneries. La DGSA (directrice adjointe) tente de recadrer un peu les débats : il faut refixer des priorités, et des calendriers, dont le projet Pégase.
Deux grands mots ont été employés à tours de bras durant cette présentation : Simplification et transparence !
Sur la transparence, le meilleur exemple reste la gestion calamiteuse du passage de l’université au RIFSEEP et sa mise en place dans une opacité quasi totale. Très "amusant" de lire dans le document, à propos de la future renégociation de l’IFSE, "vérifier la cohérence et la mise à Jour des cotations de 2019". Nous avons rappelé qu’en dépit de nombreuses demandes, ce document ne nous avait jamais été présenté. La chargée de mission, qui était la DRH de l’université en 2019, a tenté de réitérer le "mensonge originel" rappelant que le document avait été présenté au CA ; aussitôt contrecarré par plusieurs voix insistant sur le fait que ce document n’existe pas. L’ex DRH n’a pas souhaité en rajouter…
Sur la simplification, nous avons rappelé que c’est l’organisation même de SU qui implique cette multiplication des couches administratives, cette multiplication des chefs, sur-chefs, sous-chefs, directeurs de tout et n’importe quoi... Une organisation aberrante provoquant une incontestable dissolution des responsabilités. Et que l’ex DRH s’était montrée une dirigeante particulièrement zélée et verticale dans sa manière de gouverner et d’organiser. En clair, elle promeut dans son rapport exactement l’inverse de ce qu’elle a fait durant 4 ans à la tête de l’université.
Il faut noter qu’une restitution semblable a eu lieu à l’INSPE, il y a près d’un an. Et qu’elle n’a donné lieu, à ce jour, à aucune avancée, réunion, information ou action... les personnels sont toujours dans l’attente que SU prenne ses responsabilités.
Face au malaise, la présidente a repris alors la main avec franchise et volontarisme.
Face à la désorganisation de SU, elle choisit d’assumer son rôle de "grand chef", évoque le "bordel" ambiant, et promet de tout faire pour générer, enfin, un cadre général auquel devront se plier les sous-structures. Bon courage Madame la Présidente, pour faire accepter un cadre de travail commun aux trois facultés de cultures si différentes...
Pragmatisme, suite, et c’est quand même une bonne nouvelle, bien qu’elle caractérise la désorganisation de SU : l’annonce de la réévaluation "mécanique" de l’IFSE dans les semaines qui viennent. Constatant le retard de la renégociation, et actant le fait que l’université n’est absolument pas prête à organiser cette conférence sociale (cartographie, cotation...), la présidente a décidé, en attendant, de réévaluer l’IFSE de tous les personnels d’un pourcentage fixe. Malheureusement, on n’a pas eu droit au pourcentage en question, on peut donc s’inquiéter. Cette réévaluation sera rétroactive au 1er janvier 2023, alors que cette réévaluation aurait dû être effective en 2022 !
Nous demandons confirmation de la présentation de ces documents et pistes de travail aux instances. La présidente assure que les documents seront bien présentés a minima au CSA. Mais la mise en place de la méthodologie pour construire les propositions (sans doute sous forme d’ateliers) ne relèvera, elle, pas des instances. En clair, la direction de SU persiste à contourner les instances représentatives du personnel.
Pourtant ce rapport n’est pas anodin. S’il comporte essentiellement des concepts et des bons sentiments, il révèle aussi quelques propositions assez douteuses, voire dangereuses. Par exemple la "mise en place d’un CIA" [donc une prime individualisée qui mettra encore plus de pression sur les personnels], "permettre le télétravail sans limite de durée hebdomadaire autre que la nécessité de service" [l’université compte-elle contourner la loi en bafouant l’accord-cadre ministériel qui fixe la durée du télétravail à 3 jours maximum ?], ou encore "diversifier les possibilités d’instruction des signalements par des prestataires" [donc développer encore la sous-traitance, dont nous connaissons pourtant tous les dangers].
Contractualisation et externalisation, sous prétexte d’efficacité et "d’agilité", encore et toujours... Même en souriant, ça ne passe pas.
Y avait-il besoin d’une mission pour établir que la Qualité de Vie au Travail n’existe pas à SU alors que nos représentants au CHSCT et maintenant F3SCT ne cessent de mettre en évidence au travers des signalements au RSST la dégradation des conditions de travail au quotidien de l’ensemble des collègues.