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Le passage en force de la direction du CNRS avec les key-labs va accélérer la casse de la recherche publique et affaiblir l’université.
Cela concerne tous les collègues, CNRS comme personnels de Sorbonne Université.
Une assemblée générale est organisée jeudi 30 janvier de 12h à 14h - amphi 45 B sur le campus de Jussieu
Nous invitons tous les personnels à y participer, pour s’informer et échanger sur les mobilisations à venir.
Cette AG est organisée par l’intersyndicale de SU : SNTRS CGT - CGT FERC Sup - SNCS FSU - SNESup FSU - SNASUB FSU - SUD Idées
Plus de 7000 collègues ont déjà signé une pétition de "défiance" au PDG du CNRS. N’hésitez pas à la signer et la diffuser autour de vous.
https://framaforms.org/motion-de-defiance-pdg-cnrs-1736518552
Le jeudi 12 décembre 2024, Antoine Petit, PDG du CNRS, a convoqué l’ensemble de ses directeurs et
directrices d’unités du CNRS à la Maison de la Mutualité. Convoqués la veille pour le lendemain, seuls
500 des 860 directeurs et directrices d’unités mixtes du CNRS ont pu se rendre à cette convocation.
Cette grand-messe avait essentiellement pour but d’annoncer la décision d’Antoine Petit d’attribuer à
seulement 25 % des UMR dont le CNRS a la tutelle, le qualificatif de « key labs », et cela avant même
que le Conseil d’Administration du CNRS ne se prononce, le 20 décembre, sur le contrat d’objectifs, de
moyens et de performance avec l’état (COMP).
Ce qui a été déclaré : actuellement, 46 % des effectifs du CNRS sont dans 25 % de ces futurs laboratoires
« key labs » ; le PDG du CNRS trouve cela trop « dispersé ». Le PDG du CNRS compte donc concentrer
ses moyens sur des « laboratoires clé », qui seront ainsi labellisés pour des périodes de 5 ans, et il
entend profiter des départs en retraite pour faire passer ces 46 % à un taux plus élevé, en l’occurrence
55 %.
En creux, cette annonce du PDG du CNRS, faite unilatéralement sans concertation avec les autres
tutelles, en particulier universitaires, signifie que 75 % des unités de recherche (soit 54 % des
personnels CNRS) seront sacrifiées pour que 25 % d’entre elles, appelées « keylabs », retrouvent juste
les moyens qu’elles avaient il y a quelques années, en particulier leurs personnels de soutien à la
recherche, ingénieurs, techniciens et administratifs (ITA). Pour ces 75 % des UMR universités/CNRS (et
les 54 % de personnels CNRS correspondant) cela signifie ne plus jamais avoir de nouveaux postes
d’ITA, plus de nouveaux postes de chercheurs CNRS, et des crédits récurrents CNRS devenus
symboliques, voire nuls. Ces 75 % des UMR universités/CNRS devront dépendre essentiellement des
seules universités qui les hébergent, en termes de soutiens financiers et en termes de postes, au
moment même où toutes les universités de France sont exsangues, dans des situations financières plus
que préoccupantes, parfois dramatiques.
Stricto sensu, on ne pourra donc pas dire que ces structures sont « désuémérisées », elles sont juste…
laissées en déshérence.
Le sens de la nuance est important lorsque l’on utilise la tronçonneuse.
Face à cette décision aussi spectaculaire qu’unilatérale, les universités françaises, qui sont « l’autre
tutelle » de ces UMR, ont réagi : « France Universités » a annoncé sa décision, après la tenue de son
conseil d’administration, de « suspendre toute discussion » avec le CNRS au sujet des « key labs », le
vendredi 20 décembre 2024. Les universités françaises ont jugé les annonces du CNRS « unilatérales »
et, en tant que « partenaire des UMR », ont exprimé leur « désaccord ».
On notera que tout le processus a été effectué de main de maitre : les instituts du CNRS, qu’ils adhèrent
à cette politique où qu’ils la déplorent, ont été chargés, dans les six derniers mois et dans le secret le
plus absolu, de faire le tri sélectif des UMR. Les listes sont maintenant verrouillées, mais restent
secrètes. Elles seront présentées aux universités dans leurs conseils en février pour simple avis, sans
grande marge de négociation.
Ce peu de considération pour les tutelles universitaires fait écho au peu de considération pour l’avis
de la communauté des ITA et chercheurs du CNRS. À cet égard on peut noter qu’un sondage a été
effectué par l’Assemblée des directions de laboratoires (ADL) auprès des directrices et directeurs
d’unité : sur 434 directions d’unités (plus de la moitié des unités), 336, soit 78,5 % déclarent être
défavorables à la mise en place du nouveau dispositif « keys-labs » au CNRS.
On constate, dans ce tri unilatéral du CNRS, que les UMR des universités fusionnées, œuvrant pour
une recherche d’excellence (Udice), comme Sorbonne Université, ne bénéficient pas d’un traitement
de faveur particulier. Le ratio d’UMR « keylabs » serait de 28 % au sein de Sorbonne Université, au lieu
des 25 % sur l’ensemble du territoire français.
Pour les 72 % des UMR de Sorbonne Université de facto « désuémérisées », le sort des ITA et des
chercheurs CNRS sera peu enviable. À terme, on les forcera à quitter ces structures de deuxième zone.
Cependant, au-delà des personnels CNRS, c’est en fait l’ensemble des personnels de ces unités qui sera
affecté très négativement, car les universités françaises, qui sont toutes dans des situations
budgétaires très graves, ne peuvent pas compenser un tel désengagement massif du CNRS.
L’ensemble des personnels peut craindre toutes sortes de turbulences : gestion administrative et
budgétaire basculée sans ménagement sur des universités appauvries, regroupements forcés d’unités,
perte de la capacité à décider de ses choix de recherches, pouvant aller jusqu’à une mise sous tutelle,
sous la férule des « keylabs » proclamés « tête de réseau » ou « grands coordinateurs », voire un
désengagement de la recherche au profit de l’enseignement, avec par exemple la mise en place de la
modulation de service pour les enseignant-chercheurs, inscrite dans la loi LRU.
On ne peut que s’étonner qu’une telle démolition de la recherche fondamentale française s’effectue
avec autant de rapidité, de brutalité, d’opacité, et d’arbitraire au moment même où la France traverse
une crise politique majeure, avec une succession de gouvernements éphémères.
Dans un tel contexte, où, de surcroit, le PDG du CNRS est en fin de mandat, quelle est la légitimité
politique pour imposer à la hussarde des changements aussi destructeurs ?
On se rappelle du ballon d’essai qu’avait lancé Antoine Petit l’année dernière, avec sa volonté exprimée
de « désuémériser » toute unité ayant moins de 15 chercheurs CNRS en son sein. Ceci aboutissait déjà
à plus de la moitié des unités « désuémérisées ». Avec cette annonce, nous sommes face à un véritable
démantèlement du CNRS, contre la volonté des personnels, contre la volonté des directeurs et
directrices d’unités, et contre la volonté des universités.
Nous nous opposons donc à la mise en place de cette politique des « key-labs »
au CNRS
Vous trouverez en pièce jointe cet appel des sections syndicales de Sorbonne Université à s’opposer aux key-labs