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mercredi 22 octobre 2025

Déclaration liminaire de la FERC CGT au CSA du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Nous tenons enfin ce CSA MESR après la tragi-comédie de cette rentrée universitaire au plus haut sommet de l’État. Le gouvernement auquel vous appartenez, Monsieur le Ministre, ne doit son existence qu’à un engagement de son chef à revenir, certes très partiellement, sur la réforme des retraites de 2023. Preuve si il en est que le mouvement social, en particulier celui d’ampleur du premier semestre 2023, porte toujours ces fruits, même si c’est tardif, et par petites étapes. Mais pour nos collègue nés en 1963 et 1964, la possibilité d’un départ en retraite avancé de trois mois serait une réalité réelle et tangible, si le Premier Ministre tient sa parole, ce qui évidemment est loin d’être sur. Ce qui est certains, par contre, c’est que l’enjeu des retraites restera au centre des prochaines mobilisation et des prochains scrutins.

Le budget Bayrou est, quasi en l’état, sur la table. Ce « musée des Horreurs » pour les travailleuses et les travailleurs, confirme et amplifie encore le soutien à la rente contre le travail. Les 211 milliards d’aide publique aux entreprises (selon un rapport sénatorial) continuent à faire des petits, afin de permettre à Bernard Arnaud d’ouvrir des usines … aux États-Unis de Donald Trump ! Pendant ce temps-là, un rapport secret de l’Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche, que vous cachez dans un coffre depuis presque un an, recommande aux universités de développer leurs ressources propres. Vieux serpent de mer qu’il faut bien réactiver à l’heure où un projet de loi vise à mettre en concurrence ouverte public et privé dans l’enseignement supérieur. Sans fausse pudeur, il s’agirait cette fois de multiplier par 16 les droits d’inscription dans les universités françaises !

Car à lire votre feuille de route, Monsieur le ministre, que vous avez publié à peine renommé à votre poste, c’est un peu comme si vous aviez passé vos trois mois de vacances en ermite dans le désert : rien n’a changé ! Les COMP 100 % pour gérer la misère du secteur qui s’amplifie, votre projet de loi, le soutien au privé via l’apprentissage, l’HCERES qui continue comme si de rien n’était, un quasi gel indemnitaire pour les BIATSS, encore une année blanche pour le point d’indice, -30% de pouvoir d’achat depuis 2000, une réforme de la formation des enseignants bricolée dans l’urgence, une « simplification » qui ressemble chaque jour davantage à un casse-tête pour les collègues au travail, le soutien aux entreprises sous couvert de « recherche partenariale ». Et pendant ce temps là, un patrimoine de l’ESR, premier patrimoine de l’État avec celui des armées, qui continue de s’écrouler sur les personnels et les étudiant·es (parfois au sens propre, des morceaux de faux-plafond à Paris 8 continuent à tomber comme les feuilles à l’automne).

Et comme si cela ne suffisait pas, un vaste mouvement contre leurs libertés semble se déployer un peu partout : à l’Université de Nantes, un projet de règlement intérieur vise ouvertement les élu·es du personnel pour les contraindre à l’inaction. A Aix-Marseille Université, c’est un document sur les bonnes pratiques des réseaux sociaux qui exige des agent·es « une loyauté absolue ». A l’Université de Tour, une charte cherche à interdire toute forme de critique contre les chefs de services. A l’université de Lille enfin, la doyenne de la Faculté des Sciences et Technique veut étendre l’obligation de neutralité à toute question « politique ou militante » !

Ce ne sont pas que les toilettes de nos établissements qui débordent, Monsieur le Ministre. Si, pour vous, le navire de l’ESR continue à couler normalement, pour les personnels et les étudiant·es, la coupe est pleine !