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Camille Borne
Négociatrice du plan MESR pour la FERC CGT et CGT FERC Sup
Pendant la période 2018-2021 dite de « pré-plan », les discussions avec le ministère de l’ESR ont porté sur la construction du plan : des échanges et des réunions ont été organisées entre les acteurs du ministère et les organisations syndicales représentatives. Dès le départ, ces discussions ont été particulièrement compliquées : pas de calendrier, pas d’échéances, pas de méthode de travail, des périmètres mouvants, des réunions à parfois plus de 60 participant·es, etc. Nous étions, organisations syndicales, seules face au MESR, parfois en présence du ministère de l’éducation nationale et du ministère de la jeunesse/sports.
Certes, le plan a le mérite d’exister et les camarades négociateur·trices y ont passé beaucoup de temps et d’énergie à défendre point par point l’égalité femmes- hommes, l’accès à l’enseignement supérieur, la lutte contre les violences. Mais les axes retenus par le Ministère semblent peu contraignants. Ils sont totalement dépourvus de mesures financières claires et d’objectifs chiffrés, indispensables à nos yeux.
Ce plan cadre est ensuite décliné en une multitude de plans par établissements/ universités de l’ESR.
Aujourd’hui, à l’échéance du plan 2023, nous dressons un bilan accablant :
■ Aucune évaluation précise quantifiée n’a été présentée malgré nos demandes réitérées, ce qui ne permet pas de travailler sur les prochains objectifs ;
■ L’égalité salariale (point central du plan) tant attendue n’est toujours pas au rendez-vous, car aucune mesure concrète n’a été proposée, ni étudiée : l’état des lieux est pourtant connu avec des différences salariales de 20% en défaveur des femmes ;
■ La féminisation des postes à responsabilité (notamment les présidents des établissements et des grandes écoles) n’avance pas ;
■ Le plan de formation ambitieux sur les enjeux d’égalité et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) est en berne ;
■ Très peu de référent·es égalité ont été réellement déchargés pour travailler sérieusement à leurs nouvelles missions (chiffres non communiqués par le ministère) ;
■ Le nombre de chargé·es de mission égalité, dont le ministère a beaucoup parlé, n’est pas connu. D’après nos retours, ils seraient seulement une dizaine, sur des postes non pérennes et insuffisamment reconnus ;
■ Le nombre de référent·es VSS dans les FSSSCT n’est pas connu.
Par ailleurs, le groupe de travail n’a reçu aucun bilan des procédures disciplinaires, ni concernant les enquêtes administratives. Le sujet des protections fonctionnelles reste également opaque faute d’information détaillée (aucun retour sur les réparations de préjudices subis par les victimes) et peu de protections sont finalement accordées.
Les budgets liés à la lutte contre les VSS ne sont pas des budgets pérennes. Ils sont proposés sous la forme d’appels à projets auxquels répondent des établissements « solides » qui ont des moyens humains suffisants. Les autres établissements ne reçoivent pas de financement. La double peine !
Les premières réunions du prochain plan ont commencé en novembre 2023. Nous demandons au ministère de nous fournir une évaluation précise et chiffrée de tous ces éléments. Mais aussi des réunions avec des ordres du jour connus et respectés, un calendrier et un accord de méthode. Que peut-on espérer ?
Le plan égalité du MESR actuel représente avant tout un plan de communication, dont l’objectif réel est sa labellisation par l’Afnor. Pourtant, l’égalité entre les femmes et les hommes est une question majeure de notre société. Notre union, qui porte ces valeurs d’égalité professionnelle, doit se mobiliser pour faire entendre la voix des femmes et obtenir de réelles avancées dans le domaine.