Nous reproduisons ici les articles du dossier central de l’Echo du Sup N°5 (février 2024), dans leur intégralité.
Collectif de rédaction : Frédérique Bey, Camille Borne, Dominique Épiphane, Vincent Martin, Françoise Morel-Deville, Jean-Marc Nicolas, Aurore Pomero, Amandine Renault, Rachel Silvera.
Introduction
La question de l’égalité entre les femmes et les hommes est au cœur du travail et se présente comme un enjeu essentiel, mais souvent sensible, du syndicalisme. Les combats pour l’accès au travail, l’égalité des droits et des salaires, la répartition des tâches domestiques et de la charge mentale, sont indéfectiblement liés à ceux pour les droits civiques et politiques des femmes comme le droit de vote, l’indépendance bancaire ou l’égalité dans le foyer… Luttes syndicales, luttes politiques, Clara Zetkin, femme politique et féministe, ne les distingue pas quandt elle propose, en 1909, d’organiser une journée internationale pour les droits des femmes sous la forme d’une journée de manifestation pour l’égalité des femmes et le socialisme. Cette initiative débouchera sur la journée du 8 mars telle que nous la connaissons.
Le chemin à parcourir est encore long, en particulier dans l’enseignement supérieur et la recherche, où il faut d’abord déconstruire les postures avant de travailler à l’égalité réelle des étudiantes comme des salariées. L’accès massif des étudiantes à l’université ne peut être séparé de la mixité à l’école. Mais trop de formations sont encore fortement genrées. Côté salariées, si le chantier semble enfin avoir commencé s’agissant de l’accès des femmes au corps des professeures d’université, la situation des femmes les plus précaires, comme celles chargées de l’entretien et du ménage, qu’elles soient contractuelles ou en sous-traitance, ne cesse ne s’aggraver et constitue la partie immergée et invisible de l’iceberg des injustices de genres à l’université. Et ce ne sera pas la multiplication des plans Égalités qui permettra d’entamer ces violences sociales et sexistes produites par la course effrénée au profit qu’impose le système capitaliste.
Dans le monde syndical enfin, qui devrait être exemplaire pourtant, il reste beaucoup à faire. Si les travailleuses sont aux avant-postes des luttes depuis la Révolution, elles doivent batailler sans cesse pour que leur place et leur engagement soient pleinement reconnus. Les femmes hautes en couleurs sont nombreuses qui émaillent l’histoire de la CGT, mais de Marie Couette à Marie Buisson, de Martha Desrumaux à Sophie Binet, il aura fallu 128 ans avant qu’une femme ne devienne secrétaire générale confédérale, après un des congrès les plus tourmentés, violents et les plus incertains de notre histoire CGT, tant les résistances à l’élection d’une femme étaient fortes !
On le voit, ce dossier de l’Écho du Sup n°5, dans la perspective du 8 mars 2024, est loin d’être superflu...
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