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jeudi 24 mai 2012

La FERC CGT à François Hollande, nouveau Président de la République

Monsieur le Président,

Le 15 mai dernier, rendant hommage à Jules Ferry, vous avez réaffirmé la place centrale de l’École, facteur d’émancipation mais aussi d’égalité républicaine, en insistant notamment sur l’égalité des droits de chacun qui doit conduire à l’intégration de tous...

Ces premiers mots étaient nécessaires et, pour notre organisation, répondent à la politique d’exclusion dans laquelle le gouvernement précédent s’est déshonoré en conduisant une chasse aux enfants sans papiers, en les condamnant à l’expulsion. La circulaire Guéant qui s’applique aux étudiants étrangers a d’ailleurs participé de la même logique et est tout aussi déshonorante.

Pour la FERC CGT, l’accès au monde de la connaissance ne s’arrête pas à l’École et si un projet éducatif ambitieux pour notre pays doit s’étendre de la maternelle aux études supérieures, il se doit de prendre en considération l’Éducation Populaire, la Formation Professionnelle et la Recherche Publique et bien évidemment la Culture.

Ces services publics, qui par essence ne peuvent être soumis à des critères de rentabilité et de concurrence doivent être développés et promus dans notre société. Ils représentent un investissement pour l‘avenir.

Ignorer ce précepte conduit à créer un coût social, inscrit dans le futur, bien plus conséquent que les « économies » réalisées en supprimant des emplois au motif de réduire la dette publique.

Cet investissement doit porter sur des moyens humains et financiers, sur la formation des personnels et sur la recherche pédagogique. Ces trois axes sont indissociables. Ils doivent conjuguer l’intérêt individuel avec l’intérêt collectif de la Nation.

[...]

L’enseignement supérieur et la recherche Indissociables, l’Enseignement Supérieur et la Recherche produisent le socle de connaissances nécessaires aux progrès humains et les qualifications supérieures dont le pays a besoin pour garantir son avenir. Ils
doivent donc répondre aux besoins de l’ensemble de la population, au développement social et économique du pays.

Dans le contexte de la mise en œuvre de la Stratégie de Lisbonne ces secteurs ont connu de nombreuses mutations : Pacte pour la Recherche en 2005, loi Libertés et Responsabilités des Universités (LRU) en 2007, Stratégie Nationale de Recherche et d’Innovation (SNRI) en 2009. Ces textes trouvent leur prolongement dans la mise en place des Alliances et Consortium ainsi que dans la réorganisation régionale de l’enseignement supérieur et de la recherche autour d’une dizaine de grands pôles dits « d’excellence », qui concentrent l’essentiel des moyens.

Pour notre organisation, elles remettent en cause la conservation du caractère national des diplômes mais surtout l’égalité d’accès aux formations de l’enseignement supérieur pour tous les bacheliers et sur tout le territoire. Elles mettent en œuvre un dispositif d’orientation sélective voire une sélection sociale qui portent atteinte à la gratuité de l’Enseignement Supérieur, garantie d’une égalité d’accès du plus grand nombre. De même, elles nuisent au développement d’une recherche publique (fondamentale ou finalisée) non lucrative dans des organismes nationaux de recherche, une recherche qui doit contribuer au développement des connaissances et répondre aux besoins de toute la population, contre la pression des intérêts privés. Dès
lors, c’est d’une politique nationale accompagnée de financements pérennes dont nous avons besoin dans ces champs de la connaissance. Le troisième acte de la décentralisation ne pourrait se satisfaire de revenir sur la seule gouvernance des Universités et de déboucher sur leur régionalisation, ce sont la LRU et le Pacte pour la Recherche qui doivent être abrogés.

[...]

« Aux professeurs des écoles, aux enseignants du secondaires, aux universitaires, aux chercheurs, à tous les agents […] qui ont fait le choix de servir la connaissance et d’éveiller les consciences […] vous êtes au service de la France »

Pour que l’ensemble des personnels sentent leurs missions confortées, il est nécessaire que leurs métiers soient revalorisés. Conditions de travail dégradées, précarité, mépris, harcèlement, stress au travail et maladies professionnelles sont devenus monnaie courante dans les services publics. Une véritable politique de management a été mise en place pour rendre « rentables » des secteurs qui n’ont pas vocation à l’être. Discriminations, stigmatisations, n’ont pas cessé durant le dernier quinquennat. Au‐delà de l’égalité femme-homme, il est essentiel de lutter contre l’ensemble des discriminations, qu’elles touchent les personnels ou les usagers.

La précarité qui touche de nombreux secteurs doit cesser. Les personnels doivent être recrutés sur les emplois statutaires ou en CDI et les personnels précaires doivent être titularisés ou cédéisés. Les ministères concernés ne doivent pas entraver le processus engagé.
Dans tous les secteurs, il est impératif d’alléger les charges de travail des personnels, de reconnaître l’ensemble de leurs missions mais aussi d’améliorer leurs conditions de travail en mettant en place une
véritable politique de « santé au travail ».

La perte de pouvoir d’achat dans ces secteurs a dépassé plus de 10% depuis 2000, notamment avec le gel du point d’indice. La revalorisation des métiers et des missions de service public doit aussi passer par une forte revalorisation salariale.

Monsieur le Président, vos propos, ceux tenus par les membres du gouvernement conduit par Jean‐Marc Ayrault éclaircissent l’avenir pour que tous bénéficient de l’accès au monde de la connaissance. Nous
resterons, malgré tout, vigilants et attentifs à l’ensemble des actions que vous conduirez dans ces domaines tout au long de l’exercice de votre mandat.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de notre considération distinguée.
Richard BÉRAUD
Secrétaire Général

- Lire l’intégralité de la lettre ouverte de la FERC CGT à François Hollande