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mardi 13 février 2024

TAM TAM n° 698 du 16 février 2024 - Rapprochement CGT-FSU

Camarades,

Vous trouverez dans ce Tam-Tam :

  • des informations sur l’avancée de la réflexion concernant le rapprochement avec la FSU,
  • l’appel à compléter un questionnaire (un envoi par syndicat) qui nous donnera un état des lieux précis des situations locales, sous ce lien, avant le 15 mars.

Contexte

L’action pour l’unité syndicale est un principe fondateur de la CGT depuis le début, conformément à l’appel du célèbre manifeste du Parti Communiste (Marx et Engels, 1848) : "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !" . Ce principe est inscrit dans les statuts confédéraux, qui rappellent que "la CGT, attachée aux principes fondateurs du syndicalisme confédéré et interprofessionnel, œuvre au rassemblement de tous les salariés dans leur diversité, à l’unité du mouvement syndical national, européen et international."

Pourtant, depuis 1936 (congrès unitaire de la CGT et de la CGTU), le mouvement syndical va de scissions en scissions. Une tentative d’enrayer ce mouvement est amorcée en 2009 entre la CGT et la FSU avec une première rencontre au sommet. Depuis, la question du retour à une unité organique entre CGT et FSU revient régulièrement dans l’actualité syndicale. Le principe de cette unité a été adopté en congrès à la FSU, ainsi qu’aux congrès de la FERC (2019, 2023) et de l’UFSE (2021), mais les débats n’avaient pas été menés au sein des instances confédérales de la CGT jusqu’ici.

Le document d’orientation du 53ème congrès de la CGT adopté à Clermont Ferrand rappelle que "C’est donc bien une unification que nous visons, respectueuse du fédéralisme, des principes et objectifs visés dans les statuts de la CGT. Elle nécessite un travail commun et démocratique avec les organisations syndicales qui souhaitent en finir avec l’éparpillement syndical. Afin de déjouer le piège de la division, qui ne profite qu’au camp capitaliste. […] La déclinaison de cette stratégie sera mise en débat dans nos organisations et nécessitera des étapes partagées avec les syndiqué.es."

Le document initial évoquait un travail de rapprochement avec la FSU et SUD, mais les mentions explicites ont été supprimées suite à un amendement validé à la majorité du congrès confédéral. De leur côté, ces deux organisations se sont positionnées différemment : si la FSU porte également l’idée d’un rapprochement syndical, SUD ne donne finalement pas suite, en tout cas dans ses orientations validées en congrès.

A l’issue du congrès, la CE confédérale (CEC) nouvellement élue a décidé en juillet 2023 d’entamer un travail commun entre la CGT et la FSU.

La CGT et la FSU font le constat commun de la fragilité du syndicalisme en France, dans un contexte politique extrêmement inquiétant, à la fois car l’ordolibéralisme est majoritaire chez les dirigeants de la planète et car l’extrême-droite est aux portes du pouvoir en France (et déjà au pouvoir ailleurs).

Pour autant le syndicalisme a de nombreux ressorts sur lesquels s’appuyer. Ainsi, l’exemple américain démontre qu’une stratégie de syndicalisme à vocation majoritaire est efficace. En France, la mobilisation du printemps 2023 montre l’utilité de l’unité syndicale pour les salarié·es ; et montre également la responsabilité du syndicalisme comme réponse collective et solidaire au poison de l’extrême-droite.

C’est bien dans ce cadre que nos organisations portent la nécessité d’un travail unitaire avec la FSU, en posant un calendrier de travail visant les échéances électorales de 2027, et passant par les dates-clés du congrès de la FSU en 2025, celui de la CGT ainsi que les élections professionnelles dans la Fonction Publique en 2026.

Fonctionnement

La CEC a mis en place un groupe de travail confédéral composé de 7 camarades dont la secrétaire de notre fédération. Les premières réunions entre la CGT et la FSU ont eu lieu le 14 novembre, le 20 décembre 2023, puis le 7 février dernier.

La confédération exprime une volonté très forte de porter le débat collectivement à tous les niveaux de la CGT, afin de faire face aux problématiques parfois vives et pouvoir les dépasser.

Ainsi, un groupe de travail fédéral a été constitué, au sein duquel la FERC Sup est représentée par 3 membres du Bureau national (Jean-Marc Nicolas, Solveig Langen et Vincent Martin). Ce GT se réunit régulièrement en se calquant sur le calendrier des réunions confédérales.

Tous les comptes-rendus de ces réunion sont disponibles sur le site militant de l’union.

Etat des lieux dans l’ESR et ailleurs

La FSU regroupe environ 140.000 adhérent·es. Elle est implantée à 90% dans l’Éducation Nationale, et pour le reste dans l’ESR et dans la Fonction Publique territoriale.

Elle regroupe 22 syndicats nationaux et 101 sections départementales (voir présentation sur le site militant).

Les premières discussions du groupe de travail fédéral font ressortir que les principales inquiétudes et points de blocage se concentrent surtout autour des problématiques de structuration, beaucoup moins autour de divergences revendicatives (qui sont peu nombreuses).

Le fait que la FSU comporte des syndicats de métiers s’oppose évidemment à notre conception historique de syndicat interprofessionnel. Pour autant, il est important de rappeler que la CGT comporte des syndicats de formats divers.

L’autre point soulevé concerne le fonctionnement de la FSU : structuration en tendances et fonctionnement à la majorité qualifiée (>70%). Ces questions ont été discutées dès les premières réunions au niveau confédéral. Si ce système de tendances peut sembler baroque de prime abord, le texte sur le fonctionnement interne de la FSU permet de mieux appréhender cet élément. La FSU reste attachée à la majorité qualifiée afin de limiter les risques de confrontations explosives au sein de l’organisation.

Sur ces deux points, la CGT comme la FSU sont pleinement conscientes de nos différences. L’objectif de ce travail commun est bien de partir du fond politique et d’éviter les crispations sur les questions de fonctionnement, car l’unification doit se faire d’abord sur nos bases revendicatives avant d’envisager d’éventuels rapprochements structurels.

Dans la Fonction Publique Territoriale, les relations entre CGT et FSU sont visiblement difficiles dans certains départements ; le groupe confédéral comporte d’ailleurs la secrétaire de la FDSP afin de travailler à aplanir ces écueils.

Dans le secteur de l’Éducation nationale, un travail commun est engagé depuis longtemps entre la CGT et les principaux syndicats FSU (SNES / SNUIPP / une partie du SNASUB), amenant des relations régulières et un haut niveau de confiance réciproque. La CGT Educ-Action porte d’ailleurs un mandat très affirmé en faveur de l’unification.

Dans l’ESR, la CGT dispose de plusieurs structures : la FERC Sup, le SNTRS, la CGT-INRAE, la CGT CROUS. Nous côtoyons 3 organisations FSU : le SNESUP qui syndique les enseignant·es et enseignant·es chercheur·ses, le SNASUB qui syndique les personnels administratifs, et le SNCS qui syndique les chercheur·ses et, depuis peu, les ITA (personnels du CNRS principalement).

Au niveau de l’intersyndicale nationale ESR, les relations avec la FSU sont bonnes et le travail est plutôt fructueux.

Dans nos établissements en revanche, les situations sont diverses. C’est pourquoi nous vous proposons de répondre à un court questionnaire, qui nous permettra d’avoir un état des lieux précis des situations locales (au plus tard le 15 mars).

Pistes de réflexion et d’action

Les premières pistes de travail commun ont été posées dès la 1e réunion confédérale :

1/ porter le débat collectivement dans nos structures, mais aussi auprès des salarié·es, sous une forme qui reste à définir

2/ réfléchir à des accords de préparations et d’interventions syndicales, par exemple en préparant conjointement les instances où nous siégeons ensemble, ou encore en travaillant sur des déclarations liminaires communes

3/ approfondir le travail en commun à la fois sur nos secteurs professionnels et dans les territoires, sur des thématiques fortes telles que les rémunérations, les qualifications, les missions de service public, ou encore des thématiques transversales comme le féminisme, l’écologie, la lutte contre l’extrême-droite.

Le GT fédéral a acté la nécessité d’organiser des réunions CGT-FSU par secteur (Educ / Ens Sup / Recherche) dans les prochaines semaines afin de faire le point sur d’éventuelles divergences revendicatives, et d’envisager des pistes de travail commun réalisable dans les mois qui suivent.

La dernière réunion confédérale a eu lieu le 7 février dernier, elle portait en particulier sur le développement en territoire. Dans ce cadre, chaque organisation CGT concernée par ce rapprochement a proposé des sites où le travail commun existe sans forcément être totalement sans nuages.

Au niveau de la FERC Sup, voici les prochaines étapes envisagées :

  • Février 2024 : questionnaire pour un état des lieux des situations locales
  • Mars 2024 : réunion FERC Sup avec le SNESUP et le SNASUB, nos deux "alter-ego" de la FSU
  • Mai 2024 : débat spécifique sur ce point lors de notre congrès, afin de construire ensemble les axes d’approfondissement de travail commun.