Partout dans le monde, l’éducation est défavorable aux filles et aux femmes

Françoise Morel-Deville
Syndicat CGT FERC Sup ENS Lyon

Dans le monde, les filles ont trop souvent d’autres destins qu’aller à l’école, être autonomes financièrement ou accéder à une vie politique. C’est pourquoi, l’ONU Femmes s’alarme des mentalités, des préjugés et des violences sexistes et sexuelles qui perdurent et s’aggravent dans de nombreux pays. Dans son rapport publié le 7 septembre 2023 [1], l’organisme annonce des données internationales qui montrent que l’égalité des sexes et l’autonomisation des filles n’avancent plus, les violences sexistes ne diminuent pas et les femmes restent sur la touche dans tous les domaines. Statistiquement, près d’une fille sur quatre, âgée de 15 à 19 ans, dans le monde, ne suit pas d’études, n’a pas d’emploi ou de formation, contre un garçon sur dix. Selon l’OMS [2], une fille sur 5 est mariée avant 18 ans ; les grossesses précoces sont la deuxième cause de mortalité entre 15 et 19 ans et au moins deux cents millions de filles subissent des mutilations génitales. En moyenne, une femme sur douze vit dans une situation d’extrême pauvreté, elles effectuent chaque jour 2,8 heures de tâches domestiques non payées de plus que les hommes et ne représentent que 26,7% des parlementaires.

L’ONU Femmes a donc institué le 11 octobre comme la journée internationale des droits des filles pour rappeler les États membres à renforcer la lutte contre les obstacles à leur expression, les violences et les discriminations à leur encontre. En effet, l’égalité femmes-hommes est l’un des 17 objectifs de développement durable pour un meilleur avenir adoptés par les États membres en 2015. Or, il faut bien admettre que la plupart des cibles ont échoué, et au rythme actuel, il faudrait trois cents ans pour les atteindre, ce qui fait dire au rapport qu’« à mi-chemin vers 2030, le monde abandonne les femmes et les filles ».

Concernant l’éducation et la recherche, c’est le 11 février que l’ONU et l’Unesco [3] appellent à la Journée internationale des filles et femmes de sciences. Là encore, l’inquiétude est réelle avec la faible place des femmes dans le milieu scientifique. Au niveau mondial, le pourcentage de femmes parmi les diplômés en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques reste inférieur à 15 % dans plus de deux tiers des pays. Notamment les pays riches où plus le niveau de vie est développé, moins les femmes font des études scientifiques (contrairement aux pays en voie de développement qui pratiquent souvent la parité dans les formations scientifiques). En Europe, les femmes sont surreprésentées dans les métiers les moins bien rémunérés : l’administration, l’enseignement, le social et la santé et restent moins présents dans les métiers d’encadrement supérieur. La faute aux préjugés éducatifs, familiaux et sociaux sur le manque de compétences des filles dans ces matières qui leur ferment les portes des carrières académiques et industrielles. En France, par exemple, ce secteur compte 30 % de femmes salariées et seulement 15% dans les fonctions de direction. Or, plus une entreprise compte de femmes à sa tête, plus elle est dynamique. L’étude de l’observatoire Skema démontre que sur dix ans, les dix entreprises les plus mixtes affichent près de 300 % de croissance contre 43 % pour la moyenne des entreprises du CAC 40 [4]. Ces grandes journées suffiront-elles à lever les obstacles à l’émancipation des filles et des femmes ? Le gouvernement vient de ficeler son budget 2024 en rappelant que la lutte contre les violences faites aux femmes est la grande cause nationale et que leur participation doit être renforcée dans les carrières scientifiques et technologiques. Ce budget n’est tout simplement pas à la hauteur de cette ambition, ce qu’indique la Fondation des femmes dans un rapport publié le 26 septembre 2023 [5]
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