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jeudi 4 juin 2020

Site web du syndicat CGT de l’université Aix-Marseille

Reprise de l’activité à AMU

Communiqué de la CGT FERC Sup de l’Université d’Aix-Marseille

1 - Le plan de reprise de l’activité et la continuité du travail à distance
Après plusieurs semaines d’élaboration, la gouvernance de l’université présente aux instances la version finale de son plan de reprise d’activité (PRA). Ce plan, dans les grandes lignes, prévoit un retour sur sites sur la base du volontariat, la priorité étant donnée au télétravail dans l’optique d’une reprise maîtrisée et très progressive de l’activité en dégradé et par étapes. Le déploiement des mesures de prévention est délégué par la présidence aux directions de site et leurs équipes qui sont censées demeurer en contact régulier avec les personnels des campus. Sur ces principes, il couvre en partie les demandes que la CGT a formulé au cours du CHSCT du 24 avril ( https://amubox.univ-amu.fr/s/5stDgXsJ7Jn4Esw ). Si nous tenons à préciser que le PRA est très positif sur bien des aspects, nous développons ci-après les réserves qui font que nous avons décidé de nous abstenir sur le vote concernant le PRA, dans toutes les instances (CA, CT, CHSCT).

Voici notre analyse de la situation et les raisons de notre abstention.

Ce choix ne résulte pas d’une position « idéologique » ou bien d’une consigne nationale mais bien de notre travail de terrain auprès de nos collègues. Tout au long de cette crise nous avons recueilli puis avons relayé les idées et les propositions des personnels de notre université et nous avons veillé à garder notre indépendance et un œil critique par rapport aux positions de la gouvernance. Nous pensons que cette distance est indispensable au dynamisme et à l’intégrité du débat démocratique au sein d’AMU.

Cependant, nous souhaitions une implication plus importante des personnels dans leur ensemble, de leurs représentant.es, syndicats inclus, mais également des assistant·es de prévention. Il va sans dire que ces manques altèrent profondément les choses ! C’est pour cela qu’au cours de ces dernières semaines la CGT est venue à votre rencontre pour recueillir vos idées et remarques à l’aide d’un questionnaire ( https://amubox.univ-amu.fr/s/mW9TzQnQk2BAMPS#pdfviewer ).

À notre sens – et les réponses apportées dans ce questionnaire le confirment – ce plan comporte un certain déséquilibre entre les mesures envisagées par les directions et la réalité de leur mise en œuvre sur le terrain.

En effet, si l’on prend l’exemple de l’entretien des locaux qui est une des pierres d’angle d’une reprise en toute sécurité, il est prévu une désinfection des objets partagés, des lieux communs (ascenseurs, rampes d’escaliers, poignées de porte, etc.). Cependant, comment y parvenir lorsque le manque de personnels d’entretien se fait encore plus criant dans une période de crise sanitaire telle que celle que nous vivons, tout en sachant que l’entretien n’était déjà pas assuré plus d’une fois par semaine ? Comment y parvenir quand le zonage entre le privé et public fait l’objet de désaccords non résolus ? Ou encore quand les personnels des entreprises ont fini d’intervenir à 9h du matin ? À l’heure actuelle, nous n’avons pas eu de réponses à ces questions.

Cet exemple n’est pas le seul mais il illustre les écarts qui peuvent exister entre des mesures élaborées sur le papier et la possibilité de les mettre en œuvre sur le terrain.

Nous pouvons craindre également une grande disparité d’application selon les sites, la mise en œuvre étant déléguée à des « cellules de crises locales » où les personnels ne sont pas représentés. Nous avons pu relever d’ores et déjà un certain nombre de décalages par rapport au plan présenté, décalages en fonction des sites, des métiers, d’une volonté locale…

Alors que le Travail A Distance (TAD) va concerner encore autour de 80% des personnels et que l’on a vu dans le questionnaire la diversité des situations, comment ce mode de travail est pris en compte dans le PRA ? Pas un mot sur la possibilité de travail mixte présentiel/à distance, sur la prise en compte des frais inhérents au télétravail (forfait de connexion, consommables, impression, matériel et mobilier de bureau…) sur la prise en compte des RPS liés à ce mode de travail pour le moins dégradé. La CGT de l’université a proposé à la gouvernance un texte de cadrage en ce sens mais sans qu’il y ait eu le moindre retour.

L’installation dans la durée du travail à distance et le futur dispositif de télétravail qui seront proposés doivent pourtant être cadrés. Cette situation inédite a été pour de nombreux personnels jugée positive. Cette situation inédite et non préparée a montré l’intelligence individuelle et collective des personnels et leur capacité à s’adapter ou à inventer. Cependant il faut entendre certaines situations particulières qui agissent comme un révélateur des travers de ce mode de travail : imprécision ou absence d’objectifs, cadres de proximité pris entre des injections contradictoires, perte du soutien du collectif, manque de moyens, manque de temps déconnectés, outils numériques non adaptés… Il est donc nécessaire aujourd’hui de discuter de la mise en œuvre du télétravail sur la base de l’expérience des personnels.

La CGT tout au long du confinement a pris en compte la réalité des personnels pour que le travail à distance soit tenable et a demandé que les personnels soient impliqués pour la mise en œuvre du PRA. Cela n’a pas été exactement le cas ce qui justifie notre abstention au vote sur le PRA.

2 - Le plan de reprise de l’activité et le dialogue social à l’université

Comme nous avons pu le voir, de nombreuses questions subsistent, sans compter la mise en œuvre dans chaque site, service ou bâtiment des consignes sanitaires développées dans le PRA. On peut tout à fait comprendre que beaucoup d’entre nous souhaitent reprendre, retourner au travail, revoir leurs collègues ; mais cette reprise doit être organisée de manière collective et non dictée uniquement d’en haut. Nous devons à tous les niveaux avoir la plus grande maîtrise possible sur le travail, les conditions sanitaires et l’organisation de la reprise.

Des instances marginalisées. Depuis le début de cette crise et des mesures sans précédent qui l’accompagnent la CGT n’a cessé de rappeler que l’organisation du travail doit se construire de façon collective et démocratique. Pour ce faire nous avons demandé que les personnels, notamment par l’intermédiaire de leurs représentant.es, soient associés aux décisions et que les instances représentatives soient respectées. Le PRA, comme le PCA (Plan de Continuité de l’Activité), suscite des mesures très lourdes et à chaque fois une réorganisation majeure du travail et a un impact lourd sur les conditions de travail de tous les personnels. Tous ces changements doivent donc être soumis au CHSCT et/ou au CT, quel que soit le domaine concerné, pour qu’il puisse en prendre connaissance, les analyser et rendre un avis (un vote) exprimant le point de vue des travailleur·ses qu’ils représentent. Et force est de constater que sur ce point le compte n’y est pas !

Aucune organisation syndicale représentative n’a été associée à la cellule de crise de l’université ;

Le PCA n’a été soumis à aucune instance ;

Le CHSCT a été informé chaque semaine (par des réunions en visio-conférence) de l’évolution de la situation mais n’a jamais été associé à l’élaboration du PCA ni du PRA. La CGT avait demandé à ce que le CHSCT soit associé à la cellule de crise, et cela n’a pas été le cas.

Le PRA a été présenté pour avis au CT le 19 mai soit une semaine après son lancement, et au CHSCT le 25 mai, soit 2 semaines après son lancement.

Ce n’est pas notre conception de l’organisation du travail : pour nous, l’organisation doit être collective et démocratique, partout, tout le temps, même en période de crise. Les instances existent, nous demandons donc qu’elles soient respectées, ce qui signifie de leur donner les moyens et le temps de fonctionner correctement.