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vendredi 18 novembre 2022

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Une campagne d’emplois qui détruit l’emploi…

La campagne d’emplois a été massacrée par lâcheté budgétaire, elle ignore en fin de compte les critères adoptés par le CA et les chiffres donnés ne correspondent pas à la réalité.

Lâcheté budgétaire : l’Université n’est pas exsangue financièrement même si on nous dit le contraire pour justifier la suppression des postes. Commençons par cette énormité : nous sommes censés faire des économies. Pourquoi ? Parce que le CA a accepté (on sait dans quelles conditions : 14 voix pour, dont celles des membres extérieurs, 12 contre) de ’réaliser une économie de 416.000 euros’, à quoi l’auteur (anonyme) de la note ajoute ’la tutelle a indiqué d’emblée l’attente d’une économie plus substantielle sur 2023’.

Si nos dirigeants respectaient leur fonction de représentation élue des personnels , ils opposeraient une fin de non-recevoir des plus déterminées à la tutelle, qui n’a aucun droit de leur demander de telles économies.

Rappelons que notre soutenabilité financière est incontestable, que depuis des années nous engrangeons des résultats positifs, que notre fonds de réserve est de 4 à 5 fois plus important que nécessaire, et que nous pouvons en tirer plusieurs millions dès cette année sans contrevenir le moins du monde aux règles budgétaires.

Cependant, le Ministère a décidé que la masse salariale ne devait pas dépasser 83% des recettes... y compris dans une Université comme la nôtre, purement d’Arts, Lettres et Sciences humaines, dans laquelle les frais de fonctionnement sont des plus réduits, ce qui fait que la masse salariale constitue la quasi-totalité de nos dépenses. Nos dirigeants obéissent aveuglément à cette injonction, et se font ainsi les complices de la fabrication d’une crise budgétaire destinée à justifier des suppressions de postes. La décision du CA est ignorée sitôt votée, les critères ne sont pas appliqués

Le CA avait proposé des critères qui avaient le mérite d’être simples : gel des postes correspondant à des départs en retraite après le 1/9/2022, maintien des atérisations de postes décidées dans le passé, ouverture au cas par cas d’une partie des postes libérés par mutation ou promotion, pas de création de poste. Mais ce n’est pas ce qui est proposé aujourd’hui…

Le tableau des emplois potentiels comptait 39 postes, + 2 postes ouverts l’an dernier et non pourvus pour des raisons diverses mais que la Présidence avait la bonté de ne pas refermer, plus le poste de Jean-Michel Blanquer, remplacé par un poste d’ATER par la grâce du Ministère cette fois —glissons pudiquement sur ce cas très particulier. Comparons ce que proposait le CA et ce qui est proposé ici :

1) gel des postes correspondant à des départs en retraite après le 1/9/2022 : 8 postes sont dans ce cas, 6 (2 PR, 4 McF) sont gelés, 2 sont publiés (1 PR, 1 McF), à l’encontre des critères ;

2) maintien des atérisations : 21 postes atérisés en 2022-2023 sur décision du CA antérieure au 1/9/2022, apparaissent dans le tableau, 14 seulement restent atérisés, 7 postes sont désatérisés et publiés là encore à l’encontre des critères [1].

3) publication au cas par cas pour les postes libérés par mutation ou promotion : 10 postes sont dans ce cas, 7 McF sont publiés, 1 McF atérisé... et 2 postes sont gelés (1 MCF, 1 PRAG), alors que les critères impliquaient plutôt de geler d’abord les départs à la retraite...

4) pas de création de poste : eh bien finalement si, avec 1 poste de lecteur transformé en 1 poste de PAST...

En laissant de côté les deux postes ouverts hérités de l’année précédente, et le poste ’blanquérisé’, ce sont 12 postes sur 40 qui sont publiés, gelés, redéployés, ou créés, en contravention avec les critères votés au CA [2].

Les critères du CA sont donc largement ignorés, et quoique présentés dans la note d’accompagnement ne correspondent pas aux décisions prises. Ces décisions ne sont d’ailleurs pas forcément mauvaises, cela dépend des cas —mais l’absence de critères clairs en fait le résultat d’un processus opaque, où ont pu intervenir toutes sortes de motifs, bons (sous-encadrement, diplôme important pour l’Université à préserver...) ou moins bons (proximité avec la Présidence, enjeux locaux amenant à ignorer des besoins réels...).

Enfin, les calculs présentés sont inexacts

L’auteur de la note affiche 416 516 € d’économies réalisées en gelant 8 postes. Voici les chiffres obtenus si l’on applique le tableau des coûts moyens fournis dans la note elle-même —ce ne sont pas les coûts exacts, mais sur les 39 postes ils permettent certainement d’avoir un ordre de grandeur :

— 8 postes gelés (2 PR, 5 McF, 1 PRAG), 934 000€ [3]

— 1 poste de PAST créé par transformation d’un poste de lecteur ; nous le comptons comme création pure, -32 500 €

— 9 postes devenus vacants cette année (dont 2 par départ à la retraite) et publiés l’an prochain, 0 économies, 0 coût en principe.

— 7 postes désatérisés (5 McF, 2 Pr) dont l’un ’redéployé’, ce qui le fait apparaître deux fois ; là encore, il n’y a pas de coût, puisque c’est un retour à la pleine utilisation de la masse salariale prévue au départ.

— 15 postes atérisés enfin (6 Pr, 9 McF), dont 14 hérités des années précédentes ; cette non-utilisation de postes prévus fait économiser à l’Université 918 000 €.

L’Université, en 2023-2024, économisera un total de 1 819 500 € de salaires qu’elle devrait dépenser, et qu’elle a gelés ou atérisés !!!

Comment l’auteur de la note arrive-t-il à 416 000 € d’économie ? Sans doute en comptant toutes les désatérisations comme des ’coûts’, alors qu’il ne s’agit encore une fois que d’utiliser normalement la masse salariale existante.

Mais même après ce tour de passe-passe, l’économie réelle semble plus proche de 750 000 €, près du double de ce qui est annoncé... Ce qui n’empêche pas la Présidence de décider la division par deux le nombre des CRCT !

Nous en avons plus qu’assez des présentations trompeuses, des présentations de crises budgétaires exagérées et de l’opacité ! Et si la subvention publique de l’état était insuffisante, le rôle de la présidence serait de la contester auprès des tutelles et pas de gérer la pénurie .Nos composantes ne peuvent plus fonctionner sans les postes nécessaires.

Nous voterons contre cette campagne d’emploi dans les instances.


[1…dont l’un, de McF atérisé, par ’redéploiement’, non pas comme annoncé comme poste d’ATER à l’ILPGA, où aucun nouveau support n’apparaît, mais bien comme poste de McF publié à l’ESIT, ou un nouveau support est listé (et le poste correspondant apparaît donc deux fois dans le tableau).

[2Le 44e poste est celui compté une deuxième fois lors de son redéploiement.

[3Près d’1 million d’euros, encore ce chiffre est-il certainement sous-estimé, car basé sur les moyennes fournies dans la note d’accompagnement, alors que 6 de ces postes correspondaient à des fins de carrière, donc très chers.