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lundi 25 janvier 2021

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Non à l’optimisme de commande

Que la Présidence cesse de couvrir les tutelles (MESRI, Rectorat) dans ses déclarations, et adopte enfin un langage de vérité sur notre situation actuelle

Notre Université comme beaucoup d’autres souffre de maux multiples, pour l’essentiel engendrés par les politiques scandaleuses du Ministère actuel et aggravés par les erreurs multiples des équipes présidentielles précédentes. Ne pas vouloir l’admettre, passer sous silence ces graves problèmes, affirmer que tout va mieux, voire que tout va bien, c’est prendre le risque d’être perçu non comme le représentant et le porte-parole de notre communauté, mais comme un contremaître aux ordres reprenant la communication du Ministère. Est-ce vraiment cela que la Présidence souhaite ? À quoi bon souligner les efforts incontestables pour revaloriser les contractuels ou les primes RIFSEEP, si ces avancées, qui pour certaines ne font d’ailleurs que replacer l’Université dans une légalité dont elle était sortie, sont invoquées en faisant l’impasse sur tout le reste —c’est-à-dire sur tout le vécu des personnels ? 

Crise COVID : dégradation du service public et des conditions de travail

Non, la crise de la COVID n’a pas permis “d’accélérer la mise en place de solutions pour mieux accomplir encore nos missions de service public”, puisque tous les personnels sont témoins que ces missions sont accomplies bien plus mal et bien plus péniblement depuis le début de la crise. Les plans de continuité et de maintien de l’activité reflètent surtout l’impéritie et le manque de soutien du Ministère, et n’assurent en rien le maintien d’un enseignement de qualité et un encadrement satisfaisant des étudiant·e·s. Télétravail et dématérialisation des procédures alourdissent les charges des personnels, génèrent des souffrances au travail considérables, et là encore sont loin d’offrir un service satisfaisant à la communauté étudiante. Et que dire de la lutte contre la précarité étudiante et la fracture numérique, dont les budgets sont squelettiques, et les résultats minimes ? Le plus triste est que rien de tout cela n’est de la faute de la Présidence, qui ne fait que tenter de survivre à l’abandon des tutelles —pourquoi alors nier cette réalité, vouloir assumer ses conséquences et adopter ce discours lénifiant, en rupture complète avec ce que chacun observe ?

Futur bâtiment à Nation 

Non, nous n’allons pas trouver à Nation “le cadre ad hoc pour donner corps à notre projet de développement durable et de responsabilité sociétale.” Même la “haute qualité environnementale” affichée est sujette à caution —le rapport fourni au CHSCT en 2016 indique que le ”Passeport Bâtiment Durable” obtenu l’est au niveau “Très Bon” (niveau 2 sur 4) ; que “3 cibles sont au niveau BASE et qu’elles relèvent des objectifs de santé et de confort : Confort acoustique (9), Confort visuel (10), Qualité sanitaire des espaces (12). Ces 3 cibles sont donc au niveau réglementaire, ce qui signifie que la volonté de haute qualité environnementale du projet ne porte pas sur elles ; et qu’en tout seules 4 cibles (sur 14) atteignaient le niveau “Très Performant”. Surtout, le bâtiment est notoirement trop petit, et si nous n’obtenons pas de mètres carrés supplémentaires, les conditions de travail seront très mauvaises (pas d’espace pour accueillir les étudiant·e·s, pas de bureaux pour les EC, des bureaux trop petits pour les BIATSS…), et les espaces d’enseignement insuffisants —notons que les résultats de la modélisation des cours dans les nouveaux locaux, promis depuis plusieurs années aux syndicats aussi bien par l’équipe précédente que par l’équipe actuelle, n’ont jamais été publiés, soit que l’étude n’ait pu être menée à terme, soit qu’elle ait conclu à l’impossibilité de faire tenir les cours dans les nouveaux bâtiments. Enfin, des doutes graves subsistent quant au coût d’entretien du bâtiment, jamais calculé sérieusement par les équipes précédentes, et qui pourrait se révéler excessif.

Et quid du budget ?

     

Plus généralement, cette “trajectoire budgétaire extrêmement contrainte” que les vœux évoquent mériterait plus que cette référence en une demi-ligne, car là encore la Présidence assume une situation qui n’est pas de son fait, tout en passant sous silence aussi bien ses causes que sa gravité. Rappelons que l’Université a accepté, à l’encontre du bon sens le plus élémentaire, de financer sur ses fonds propres une partie de l’emménagement à Nation (équipement, amortissement, pour un montant évaluable à environ 15 millions d’euros, dont environ 7 nécessaires dès 2021) ; que cette décision insensée a conduit à une politique d’austérité qui a ravagé notre établissement depuis près de huit ans ; et que malgré tous ces efforts, et comme on pouvait le prédire dès le départ, la situation budgétaire reste critique, et le restera encore de nombreuses années quoi que nous fassions car la subvention d’État sur laquelle les tutelles nous extorquent cette sorte de rétrocommission ne permettait en rien d’assumer une telle dépense, étant déjà calculée au plus juste. Ce point a été abondamment illustré lors de la campagne d’emplois, catastrophique comme toutes les années précédentes, puisque la masse salariale en vient à servir de variable d’ajustement dans ce cadre budgétaire “contraint” sans qu’il soit dit pourquoi… Pourquoi cacher tout cela ? Pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi ne pas au moins mobiliser l’appui de la communauté ? À quoi bon chercher à rester dans les bonnes grâces d’un ministère et d’un Rectorat qui donnent chaque jour de nouvelles preuves du mépris total dans lequel ils tiennent nos activités ?

La CGT espère que pour cette année 2021, la Présidence renoncera à “communiquer”, “expliquer” et “convaincre” à coups de descriptions lénifiantes, et acceptera de considérer la communauté universitaire comme un partenaire à part entière à qui il convient de présenter la situation de l’Université sans l’enjoliver ou la travestir. L’optimisme de commande n’a jamais convaincu personne, et encore moins celles et ceux qui sont les premiers à affronter les difficultés réelles que cet optimisme cherche à faire oublier.