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mercredi 19 octobre 2022

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Monsieur le Président, comment osez-vous refuser d’utiliser l’argent que nous avons en caisse ?

La Présidence a écrit dans son message daté du 17/10, à 11:33 :
"Je tiens à préciser ici que le fonds de roulement de notre université, principalement prévu pour des dépenses d’investissement, fait l’objet d’une analyse afin de déterminer quel en sera le montant mobilisable. Tant que ce travail ne sera pas achevé, ce montant ne pourra pas être connu. "

Ceci est faux.

La Présidence évoque le besoin en fonds de roulement, avec un objectif fixé par le Ministère lui-même à 1/12e du coût de fonctionnement annuel de l’Université, hors masse salariale. Le déménagement à Nation entraînera des frais de fonctionnement supplémentaires ; nos dépenses de fonctionnement actuelles sont de 14 millions par an. En supposant qu’elles doublent à Nation et atteignent 28 millions par an (ce qui est parfaitement fantaisiste), le besoin en fonds de roulement ne peut en aucun cas dépasser 3 millions —6 millions si l’on veut prendre en compte les inégalités de dépenses d’un mois sur l’autre, et budgéter 60 jours de réserves plutôt que 30, ce que préconisent certain•es comptables.

Le fonds de roulement est actuellement de plus de 20 millions d’euros. La Présidence sait avec certitude que 14 millions sont mobilisables, il est faux d’affirmer le contraire. Au plus, il est possible de dire que le montant maximum mobilisable n’est pas exactement connu —mais certainement pas le montant minimum, que l’Université peut employer quand elle veut à des investissements, et à combler un déficit ponctuel.

Ne pas toucher au fond de roulement comme la direction l’a une nouvelle fois imposé est contraire aux règles budgétaires actuelles, qui invitent à financer l’investissement sur le fonds de roulement de préférence, plutôt que sur le budget de fonctionnement ; contraire également aux instructions de la Ministre, qui a explicitement demandé aux Universités de faire porter l’inflation et la hausse du point d’indice sur le fonds de roulement (circulaire Barthez) ; et contraire aussi aux décisions des autres Universités, qui vont quasiment toutes appliquer ces consignes, comme l’a annoncé Guillaume Gellé, vice-président de France Universités.

Ajoutons aussi que ces décisions n’ont rien à voir avec une "soutenabilité financière" qui n’est nullement en question, puisque nous n’avons connu aucun résultat budgétaire négatif depuis des années, et possédons des marges de manœuvre considérables. Il s’agit uniquement de réduire la masse salariale, obsession de la Présidence actuelle et de son administration, suivant à la lettre des préconisations ministérielles et/ou rectorales qui n’ont pas de valeur légale.

Ajoutons enfin que cette politique aboutit à détourner de leur fonction des fonds alloués par la puissance publique, en les appliquant à autre chose que ce à quoi ils étaient censés servir. La subvention de service public est destinée à alimenter notre fonctionnement. Les frais de scolarité des étudiant•es sont destinés à financer les services qui leur sont fournis. Les subventions de recherche sont destinées à financer la recherche. En ré-allouant plusieurs millions d’euros au financement d’investissements en dépit de l’existence d’un fonds de roulement considérable, le Rectorat et la Présidence bloquent notre fonctionnement, aggravent une situation déjà désespérée, et détournent aussi ces fonds de leur objet premier.

Le représentant du Rectorat au conseil d’administration piétine l’autonomie financière des Universités contre toute raison, en agitant la menace de nous fusionner avec d’autres Universités, menace que le Rectorat est statutairement incapable de mettre à exécution (il faut l’accord des institutions concernées...). La Présidence laisse faire, et même se désolidarise de son institution.

De plus, parallèlement au gel des postes d’enseignant·es chercheuses·eurs et à la fin des désatérisations prévues, il est annoncé 800000 euros de location immobilière : cette somme ne doit pas être prise sur notre budget de fonctionnement. Rappelons que cette dépense aurait largement pu être évitée en acceptant d’écouter ce que les syndicats écrivent depuis des années, ou de maintenir des cours dans le Bâtiment D de Censier.

Nous pouvons aussi nous interroger sur les 450 000 euros pour “l’université européenne”, un projet "de prestige" dont les retombées sont de l’aveu même de la Présidence assez incertaines.

Il faut en finir avec cette politique budgétaire délétère !

Supprimer ou geler des postes d’enseignants-chercheurs et de BIATSS pour financer le fonctionnement et les investissements n’est pas acceptable, et injustifiable au vu de notre situation budgétaire. Le CA doit mettre fin à ces dérives irresponsables, adoptées à une courte majorité (14 oui, dont les personnalités extérieures ; 12 non). Et les tutelles doivent fournir le budget nécessaire au bon fonctionnement de notre université, avec les outils et avis budgétaires adéquats. Il en va de la survie de notre Université.