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mercredi 9 février 2022

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Déménagement à Nation, budget, boites de consulting

Déménagement à Nation :

une présidence peu combative, peu désireuse de nous représenter et encore moins enthousiaste pour défendre de pied ferme les intérêts de notre communauté universitaire

Personne n’avait envisagé un déménagement au milieu du semestre, en période de cours et d’examens. Le Président nous l’avait assuré encore il y a quelques jours en Conseil d’administration, une telle entreprise était ingérable, et nous ne nous y lancerions pas. Depuis plusieurs semaines, le rectorat avait annoncé sa volonté de nous imposer ce calendrier insoutenable, mais le chœur unanime des responsables de notre Université nous assurait qu’il n’était pas question d’accepter cela. Et voilà que la Présidence obtempère, et l’annonce le 8 février aux chefs de service abasourdis (mais pas à la communauté universitaire, qui n’a pas l’honneur d’être prévenue en premier...).

La défense des personnels et de leur santé mentale, le statut autonome de l’Université, le souci d’assurer la qualité d’un cursus étudiant déjà mis à mal par la pandémie, la perte extraordinaire de réputation qu’une approche aussi incohérente de nos missions ne peut qu’engendrer, rien de tout cela n’a pu amener une Présidence, décidément tout sauf combative, à s’opposer frontalement à des tutelles qu’il faut satisfaire apparemment à n’importe quel prix.

L’avantage retiré de cette obéissance est pourtant tout sauf clair. Et un non ferme et définitif, accompagné d’une menace de scandale public, aurait eu de bonnes chances de succès en ces temps pré-électoraux ; gageons que le Ministère de l’Enseignement Supérieur verrait d’un très mauvais œil des mouvements de grève et des manifestations dans le centre de Paris en ce moment.

Une présidence se doit de défendre de pied ferme les intérêts de la communauté universitaire qu’il représente afin de permettre la bonne réalisation de nos missions de service public.

Un budget 2022 qui économise 1.243.560 euros (1,2 millions !) pour... plus tard. Mais la Présidence explique qu’il n’y a pas d’argent !

Le budget prévisionnel présenté au CA annonce une "Capacité d’auto-financement" (un bénéfice, en jargon de comptabilité publique) de plus de 1,2 millions d’euros — alors même que nous payons directement cette année, sur notre budget annuel, une partie des sommes investies dans Nation. C’est doublement incompréhensible : ces 1,2 millions économisés, dont nous aurions besoin maintenant, vont se perdre dans des réserves déjà énormes, de plus de 17 millions d’euros même une fois le déménagement payé, réserves que par ailleurs nous n’utilisons pas autant que nous le pourrions pour financer Nation.

L’université, littéralement riche à millions, poursuivant sa politique d’austérité comme si de rien n’était, a supprimé une vingtaine de postes administratifs, et continue de geler 16 postes de personnels enseignants-chercheurs (contre 21 l’an dernier, le progrès est lent), sans que rien ne le justifie non plus.

Les explications fournies au CA sont incohérentes ; interpellée sur le montant de nos réserves, la Directrice des affaires financières a invoqué le "besoin en fonds de roulement", concept technique qui renvoie à tout autre chose que le niveau du fonds de roulement et ne justifie en rien ce dernier.

Quand cette absurdité financière cessera-t-elle ?

Des dépenses de "consultation" incontrôlées (et au montant inconnu). Faut-il faire intervenir la Chambre régionale des comptes ?

Depuis plusieurs mois, et en parallèle avec les discours sur notre trajectoire budgétaire "inquiétante" et autres appels à l’austérité pour les autres (sans jamais fournir de chiffrage justifiant toutes ces déclarations, bien sûr), la Présidence et la Direction des ressources humaines multiplient les recours aux "consultants" de toutes sortes, sans d’ailleurs avoir non plus informé le Conseil d’administration du coût total de ces opérations, et la plupart du temps sans que leur résultat soit communiqué à la communauté universitaire qui finance tout cela.

Détail amusant, le Premier Ministre a adressé le 19 janvier dernier aux membres du Gouvernement une lettre circulaire leur demandant de limiter le recours aux "prestations intellectuelles" et leur rappelant que "L’administration ne doit avoir recours à des conseils extérieurs qu’après avoir démontré qu’elle ne dispose pas des moyens ou compétences nécessaires" pour produire son propre conseil.

Le recours aux consultants est non seulement un moyen pour la Présidence d’éviter de s’engager publiquement sur la politique qu’il entend mener, mais il témoigne également du peu de confiance qu’il accorde aux collègues pour en débattre. En ce domaine au moins, la Présidence démontre que l’autonomie universitaire n’est pas un vain mot.