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Lors de la réunion commune du Conseil scientifique et des formations (CSF) du mardi 18 mars 2025, l’Administratrice Générale a présenté son projet stratégique pour l’établissement pour la période 2025 – 2029. Rappelant que le gouvernement a décidé que les contrats d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) seraient dorénavant les outils de pilotage du gouvernement pour les établissements, l’Administratrice Générale a tenu à inscrire ce projet dans un calendrier considéré comme serré pour 2026 (!).
S’appuyant en partie sur des points soulevés par des recommandations de l’HCERES, l’Administratrice générale a exposé les grandes lignes de son projet « Former pour transformer » de 58 pages.
Sa présentation orale n’a pas permis de lever les doutes suscités par son souhait de réorienter le Cnam vers les étudiants en formation initiale, notamment les apprentis et les décrocheurs de l’université. Plusieurs intervenants se sont en effet émus de cette remise en question de la singularité cnamienne de formation des salariés et des demandeurs privés d’emploi, en particulier via le HTT.
Le projet présenté contenait par ailleurs des indicateurs faisant plus penser à un outil de pilotage qu’à un projet d’établissement. L’accroissement des effectifs est apparu comme le principal indicateur de performance du Cnam, sans pour autant que l’Administratrice Générale soit en mesure de lever les inquiétudes quant au manque de moyens mis en face pour préserver la qualité des formations. Dans un établissement où burn-out et turn-over sont une source majeure de souffrance au travail et de dysfonctionnements, faire plus à moyens constants est pourtant une approche dont l’inanité a d’ores et déjà été amplement démontrée.
Enfin, beaucoup ont souligné que le projet ne proposait rien pour sortir le réseau de l’impasse très inquiétante dans laquelle il se trouve actuellement. Ce projet cantonne un peu plus les Centres Cnam en Région à une activité de vente de nos diplômes à des partenaires privés, quitte à ne pas être trop regardants sur les équipes pédagogiques et les programmes dispensés. Et tant pis si c’est tout l’établissement qui est menacé à terme par cette braderie.
Au vu des nombreuses objections et interrogations exprimées, le président du CSF a proposé de reporter le vote. L’Administratrice Générale a refusé, préférant engager sa responsabilité. Un vif échange s’est ensuivi, l’AG accusant le président du CSF de déloyauté, révélant au passage son incapacité à comprendre que les élus des instances ne sont pas ses subordonnés.
Le résultat du vote a été sans appel 6 POUR, 20 CONTRE, 10 abstentions, conduisant au rejet du projet stratégique présenté par l’AG.
En conclusion
Les débats du conseil scientifique et conseil des formations ont rappelé qu’entre une formation des salariés et des demandeurs d’emploi qui s’effondre mais demeure sa marque de fabrique et un apprentissage dont les subventions s’épuisent, le Cnam est confronté à des défis existentiels. Or, le projet stratégique présenté se borne à sacrifier notre ADN dans le but illusoire de faire plus de chiffre à moyens constants. Cela n’est ni acceptable, ni envisageable.
Un tel projet se doit par ailleurs de répondre aux attentes, nombreuses, du personnel BIATSS et des EC (Enseignants-chercheurs). Il doit enfin poser les bases d’un modèle économique viable entre l’établissement public et le réseau des CCR – nous en sommes loin.
Alors que les choses soient claires. Si, comme l’administratrice générale l’a laissé entendre, le projet qu’elle a présenté ne fait que reprendre les orientations d’un contrat d’objectifs, de moyens et de performance (COMP) qui aurait apparemment été déjà négocié, il lui incombe d’en tirer toutes les conséquences : le rejet de l’un vaut rejet de l’autre.
Le Cnam est obligé de se réinventer pour pouvoir poursuivre la mission de formation professionnelle qu’il poursuit depuis 230 ans. Plus que jamais, un projet stratégique à la hauteur de ces enjeux demeure nécessaire – et urgent.
Les élu.es CGT du Conseil scientifique et des formations du Cnam