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jeudi 30 novembre 2006

Archives UPMF

Déclaration de la CGT au Conseil Académique de l’Education Nationale de Grenoble

Cette rentrée 2006 voit la poursuite de la dégradation non seulement de l’emploi et des conditions de travail, mais aussi du fonctionnement et des ambitions du système éducatif. Et le gouvernement entend poursuivre dans cette voie, et même accentuer la saignée pour 2007, en faisant disparaître plus de 15 000 emplois dans la Fonction Publique dont 8700 dans l’Education Nationale.

Les conséquences de ces choix budgétaires sont graves : réduction de la scolarité des 2/3 ans, classes surchargées, difficultés pour faire face aux remplacements, réduction d’options et de filières professionnelles .

En même temps s’accroît la précarité avec le recrutement de vacataires, contractuels dont beaucoup ne retrouvent d’ailleurs pas leur poste, ou de contrats aidés.
En ce qui concerne la direction d’école, le ministre a décidé de mettre en œuvre le projet dont la CGT , avec la plupart des organisations syndicales enseignantes, a dénoncé les insuffisances et les réponses dévoyées à leurs revendications : la journée de décharge des directeurs se faisant au détriment de la formation initiale des PE stagiaires, l’assistance administrative étant assurée par les Emplois de Vie Scolaire non formés, sous-payés, et d’avantage précarisés.

Actuellement, le ministre ajoute à la dégradation des conditions de travail avec les modifications apportées au décret de 1950, modifications qui attaquent le statut particulier des personnels du second degré pour permettre la récupération de 1780 Equivalents Temps Pleins. Il s’agit de faire travailler plus en flexibilisant et allongeant le temps de travail, cela aura des répercussions sur les conditions d’exercices avec des services partagés sur plusieurs établissements, l’enseignement de plusieurs disciplines pour « raison » de service, l’élargissement des missions des enseignants. On voit nettement poindre l’application à l’Education Nationale de la réforme de l’Etat, l’émergence d’une fonction publique de « cadres d’emplois » : la qualification de l’enseignant ne serait plus reconnue en fonction de ses corps et grade mais de « compétences » liées aux besoins ponctuels de, l’établissement d’exercice. De plus les élèves seront les victimes de cette nouvelle dégradation.

Dans les établissements d’enseignement professionnel, la rentrée a été marquée par les nouvelles dispositions sur les machines dangereuses dans les SEGPA, par le manque de médecins scolaires ce qui oblige les familles des élèves de LP à consulter le médecin traitant pour obtenir la dérogation nécessaire à la présence dans les ateliers.

Sous-tendus par cette politique de réduction des moyens se mettent en place les projets de la loi d’orientation : socle commun des connaissances, apprentissage junior, note de vie scolaire, bourse au mérite autant de mesures qui organisent la ségrégation.

La CGT dénonce ces choix qui vont à l’encontre d’une école porteuse d’égalité et de justice sociale, de même qu’elle dénonce les mesures d’expulsion des enfants scolarisés de parents sans papiers, de même qu’elle dénonce le projet de loi sur la délinquance qui, au lieu de traiter les causes profondes, organise un système de fichage et de délation auquel les enseignants, les travailleurs sociaux et les élus ne doivent pas se plier .

La rentrée universitaire, entre réformes et incertitudes, n’a pas soulevé l’enthousiasme ni des étudiants, ni des salariés. Elle est particulièrement catastrophique à l’Université Pierre Mendès-France où le désengagement de l’Etat se conjugue avec une mauvaise gestion. La bibliothèque universitaire Droit-lettres et les bibliothèques des UFR ne peuvent accroître leurs collections que faiblement. Les conditions de travail sont particulièrement difficiles dans cette bibliothèque universitaire. La moitié du bâtiment est si vétuste que l’électricité a dû être coupée et les magasiniers vont chercher les documents avec des lampes frontales. Les services payants n’ont pas résolu le problème du manque de financement.

Nous apprenons par la presse locale que l’université de Grenoble était pratiquement crée, sans la moindre concertation. Nous ne doutons pas un instant que la nouvelle direction de cette « université de l’excellence » se pliera aux injonctions du Médef à savoir organiser une « gouvernance resserrée » pour faciliter la rapidité des décisions, gouvernance dans laquelle la représentation des étudiants et des personnels serait un « frein à l’innovation »
Les premières victimes de cette réorganisation à moyens constants seront les étudiants avec une hausse annoncée des frais d’inscription, avec un moindre choix de formations, avec la disparition de certains laboratoires au nom de la rationalisation de l’offre...Les sciences sociales et humaines auront sans doute du mal à trouver leur place.

Les salariés ont aussi des raisons de s’inquiéter : mutualisés, ils verront leur rentabilité encore accrue avec des salaires bloqués, les contractuels risquent d’y perdre leur emploi
La population enfin devra exiger que la recherche scientifique ne soit pas bradée aux intérêts privés afin de répondre aux besoins en matière d’emplois, de salaires, de santé, d’éducation, de culture et d’espoir dans l’avenir.

La fermeture de l’école doctorale de l’Université de Savoie est la grande innovation de cette rentrée dans l’Académie : une université sans recherche !

Notre organisation syndicale, la CGT n’acceptera pas la destruction de l’Education nationale, de la recherche publique et invite au plus grand rassemblement pour construire d’autres perspectives.

Janine Eymériat et Raymonde Bièvre