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mardi 5 avril 2022

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Un déménagement précipité dans un bâtiment trop petit et pas fini

Ça y est, la Sorbonne Nouvelle s’installe à Nation. Plus d’une centaine de collègues sont arrivé.e.s, et la plupart des personnels administratifs encore dans les anciens locaux les rejoindront d’ici la fin du mois, à la fin du semestre avant un déménagement finalisé en mai. 

Même s’il n’est pas forcément facile de quitter le Quartier Latin et son histoire, il était urgent de partir de Censier, amianté et qui devenait, faute d’investissement, de plus en plus vétuste, et de la Sorbonne, où les bureaux n’étaient pas toujours adaptés, faute de travaux. Beaucoup de collègues sont heureux d’arriver dans ces locaux neufs avec une belle bibliothèque et une diminution importante du nombre de sites.

Une université encore en travaux et un déménagement précipité

Mais beaucoup trop de problèmes restent entiers A ce jour, partout dans les locaux, on croise des ouvriers qui s’affairent à finaliser les peintures, le réseau, l’électricité, les stores… Des milliers de réserves sur l’achèvement du chantier restent à lever et ledit chantier ne semble pas prêt de se terminer. Il serait surprenant que tout soit fini à l’arrivée des collègues à la fin du mois. 

Le chauffage ne fonctionne pas, à Censier non plus d’ailleurs, mais cette situation est beaucoup plus surprenante et inquiétante dans un bâtiment censé être neuf et prêt à nous accueillir. Aucune nouvelle non plus des deux amphis non livrés à ce jour, et même aucune certitude qu’ils soient livrés à la rentrée, qui deviendra alors difficile.

Plus étonnant encore, il manque du mobilier pour certains collègues. Avec une situation ahurissante en particulier au SIO, arrivé fin mars sans aucun mobilier… malgré les multiples propositions faites à la direction par les collègues depuis cinq ans. A ce jour, le SIO accueille des étudiants en recherche d’orientation ou d’insertion dans le chaos des cartons éparpillés partout, sans documentation accessible. Passez voir en A0, le spectacle vaut le détour.

Le système d’ouverture des portes n’est toujours pas complètement opérationnel (impossible de laisser la porte ouverte dans son bureau, les cartes d’accès n’ouvrent pas toujours les bons locaux, les règles d’utilisation ne sont pas définies…). 

Chauffage, mobilier et contrôle d’accès sont sans doute les problèmes les plus criants, mais de nombreux autres manques sont pointés, et d’autres risquent d’apparaître.

Qu’un bâtiment neuf connaisse des problèmes de mise en route est dans l’ordre des choses sur un chantier de cette importance, mais là il s’agit de problèmes affectant le fonctionnement de base des personnels, problèmes qui auraient donc dû être réglés avant l’arrivée des ces derniers. Les conditions d’installation parfois ubuesques confirment nos multiples mises en garde : nous emménageons trop tôt, trop vite, sans laisser le temps aux responsables du chantier de faire les derniers ajustements, le tout au détriment des personnels.

Un site trop petit

Comme nous l’avons signalé encore et encore depuis le début du projet en 2105 (projet de déménagement à PICPUS, Projet Picpus : inquiétude et malaise, Projet Picpus / Nation : De grandes promesses pour une petite université), le site est trop petit. L’expertise demandée en 2016 par l’intersyndicale au CHSCT, expertise effectuée par un expert agréé, l’avait clairement confirmé. Notre installation dans le bâtiment va nous faire éprouver ce défaut majeur de conception de l’ensemble du bâtiment.. 

Taille des bureaux

Les préconisation de la norme AFNOR X35-102 sont les suivantes : “La surface minimale recommandée est de 10 m2 par personne, que le bureau soit individuel ou collectif.” et il est rajouté : “Si l’activité principale des occupants d’un bureau collectif est fondée sur des communications verbales, il est nécessaire de prévoir au moins 15 m2 par personne”. Nous en sommes loin ! L’université l’a acté en fournissant les règles suivantes au CHSCT du 26/01/2021 : ’ Les postes de travail sont répartis entre bureaux de direction (16 m 2 ), bureaux individuels (12 m 2 ), bureaux doubles (16 m 2 ), bureaux triples (24 m 2 )”. Pas de mention de l’accueil du public —des collègues vont donc travailler dans des espaces deux fois plus petits que ce que les normes actuelles recommandent, et peut-être plus restreints encore, car l’inventaire des bureaux et de leur surface dans l’état final du chantier n’a jamais été rendu public.

Si vous avez des bureaux en dessous de ces quotas ou si les lieux de travail qui vous sont affectés ne permettent pas de travailler dans de bonnes conditions, contactez nous.

Bureaux Enseignant.e.s et Enseignant.e.s-Chercheur.e.s

Ce sont les grand.e.s sacrifié.e.s du projet Nation. L’université ou le ministère parlent d’un campus du XXIe siècle mais même le XIXe siècle faisait mieux, comme on peut le constater dans l’ancienne Sorbonne ! Il n’est pas prévu de bureaux individuels ou même en double pour l’immense majorité des collègues qui devront donc s’installer dans des “bureaux partagés” avec une surface totale inférieure à ce qui existait avant, sans pouvoir, pour beaucoup d’entre eux, y laisser leur matériel, leurs livres…

Recevoir des étudiants risque, pendant les périodes de cours ou d’examen, d’être très compliqué.

Espaces de convivialité, salles de réunion…

Il existe des espaces de convivialité dans chaque secteur du campus. Ils sont globalement normalisés… mais de taille bien inférieure, là encore, à ce qui serait nécessaire pour qu”ils puissent être réellement conviviaux compte tenu du nombre de personnels concernés (BIATSS et E/EC)…

Nous demandions une étude sur les salles de réunion et leur nombre depuis le début du projet. Il semble y avoir beaucoup moins de lieux de réunion qu’auparavant, d’autant plus que la taille des bureaux va induire plus de besoins. La Présidence nous a promis un système de réservation de salles d’enseignement et de réunion à la volée…Mais ce logiciel n’est pas en place à ce jour. Et il est peu probable qu’il le soit à l’arrivée des collègues.

Notons au passage que les locaux syndicaux sont eux aussi trop petits. Impossible de recevoir trois ou quatre collègues, pas d’espace de convivialité… La situation est le reflet exact de la politique sociale de l’université envers les personnels.

Un manque de salles d’enseignement

De ce côté aussi nous avons cherché à alerter les instances et les personnels depuis le début du projet. Il y a entre 10 et 20 salles d’enseignement en moins à Nation par rapport à ce dont la Sorbonne Nouvelle disposait auparavant, tous sites confondus. Depuis 2015, nous demandions que des études soient menées pour éventuellement louer des locaux supplémentaires en cas de besoin. Mais aucune étude n’a été faite jusqu’à cet automne où la DLE a enfin été autorisée à modéliser la rentrée. Les résultats sont accablants. Si l’on prend l’ensemble des cours nécessaires, le taux d’occupation de l’ensemble des salles pour les créneaux horaires disponibles du lundi au vendredi de 8h à 18h, toutes salles de Nation confondues, dépasserait les 106% —en d’autres termes, ça ne tient pas… D’après nos informations, l’étude a abouti, en se basant sur les cours S1 de cette année, à déplacer plus de 10% des cours hors des créneaux demandés au départ par les composantes. Et en fin de compte, plus de 15% des cours ont lieu le soir après 18H ou le samedi, sans que l’on sache si étudiantes et étudiants suivront. À noter que même en effectuant ces glissements horaires, dont il est évident qu’ils ne pourront pas tous se faire sur la base du volontariat, le taux d’occupation en semaine entre 8h et 18h frôle encore les 90%, bien au-delà des préconisations ministérielles…

Conséquence pratique, la direction du Département du Monde Anglophone, où les cours du samedi étaient rares, a d’ores et déjà annoncé qu’il allait falloir placer l’an prochain 45 cours le samedi si les maquettes restent en l’état, et sur la base des indications fournies quant au nombre de salles disponibles. Il a même été proposé de convertir de TD en CM, au mépris de toute logique pédagogique, pour essayer de régler le problème. Celui-ci se posera dans des termes identiques dans toutes les composantes, du moins si tout le monde est traité également…. 

Il est urgent que l’université trouve des solutions pour pouvoir mettre en place les emplois du temps dans des conditions correctes pour la rentrée.

Des espaces de prestige de qualité, une fac plus numérique, plus moderne… mais avec quel personnel pour les faire fonctionner ?

Salle de spectacle, amphis, salle de projection… tous ces espaces sont impressionnants ! Tout comme l’est la suppression des postes dans les services de logistique et d’audiovisuel. Comment ces espaces vont-ils fonctionner  ? 

Il en est de même pour l’informatique et l’audiovisuel en général. Comment la maintenance pourra-t-elle se faire sans le personnel nécessaire ? La solution de la sous-traitance mise en avant par la direction n’est pas tenable. L’externalisation va faire exploser le budget pour un service rendu bien inférieur à celui fourni par du personnel universitaire titulaire.

 L’université ne fait là qu’exécuter docilement une injonction du ministère, qui réclame une augmentation du pourcentage des frais de fonctionnement par rapport à la masse salariale dans notre budget, ce qui n’a aucun sens. Et aboutit à gaspiller les deniers de l’État, tout en rendant plus difficile la tâche de personnels déjà surmenés. Revenons à une politique de site rationnelle : pour gérer un bâtiment de cette importance, il faut des moyens humains —donc des postes.

En conclusion

La CGT n’a cessé de dénoncer la gestion calamiteuse de ce projet par les équipes présidentielles successives, par l’Epaurif et par les tutelles. Dès les premières années, nous avions alerté tous les acteurs impliqués au sujet des problèmes à venir. Aujourd’hui, au-delà de l’allure rutilante des locaux flambant neuf, le personnel et les étudiant.e.s vont faire les frais de cette accumulation d’économies drastiques sur les espaces, d’erreurs de conception et de négligences. Il était pourtant possible de créer pour notre université un véritable campus du XXIème siècle… 

Nous ne pouvons que dénoncer l’occasion manquée.