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mardi 13 juillet 2021

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Rentrée 2021 : en finir avec l’enseignement dégradé

L’année universitaire qui s’achève a vu les personnels se mobiliser jusqu’à l’épuisement pour assurer leurs missions d’accueil et d’enseignement auprès des étudiants. Une fois de plus, les tutelles ont été aux abonnés absents alors qu’elles auraient dû fournir aux universités les moyens de faire face à la crise sanitaire dans de bonnes conditions : tests de dépistage, campagnes de vaccination, dispositifs de contrôle de la qualité de l’air et de ventilation des locaux, moyens supplémentaires pour assurer des cours en présentiel à jauge réduite..., rien de tout cela n’a été même envisagé par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. Comme l’a encore souligné récemment la Commission nationale consultative des droits de l’homme dans son Avis pour un enseignement supérieur respectueux des droits fondamentaux, le droit à l’éducation ne figure pas au rang des priorités du gouvernement. Pour la prochaine rentrée, le ministère annonce la création de 34000 places supplémentaires dans les universités, mais sans aucune création de postes pour cela.

Les leçons de la crise sanitaire : décrochage pour les étudiant.e.s, surmenage pour les enseignant.e.s-chercheur.e.s

 

Même si le très fort investissement des collègues et des étudiant.e.s a permis de limiter les dégâts, il faut reconnaître que les expériences d’enseignement à distance ou en mode hybride n’ont pas été satisfaisantes. Les enquêtes menées par l’OVE et le bureau d’Appui à la Pédagogie et aux Projets auprès des étudiant.e.s et des enseignant.e.s montrent que 32% des étudiants ont eu le sentiment de décrocher de leurs études à la Sorbonne-Nouvelle (page 13), avec une proportion plus importante encore en Licence 1 . Les étudiant.e.s interrogé.e.s disent avoir besoin d’interagir avec des enseignant.e.s. Du côté des enseignant·e·s, 87% des collègues ont estimé que l’enseignement à distance représentait une charge de travail plus importante, et l’épuisement transparaît dans les réponses au questionnaire.
Pour la CGT FERC Sup Paris 3, on ne peut en aucun cas envisager une nouvelle année d’enseignement dégradé. 

L’enseignement hybride : présentiel “enrichi” ou gestion de la pénurie ?

Même si le ministère annonce un retour au 100% présentiel pour la rentrée 2021, il encourage les universités à institutionnaliser des cours à distance et finance des “campus connectés” et autres fausses solutions au problème de l’encadrement des nouvelles générations d’étudiant.e.s.. Des millions sont débloqués pour poursuivre et amplifier du distanciel, alors que l’université est en manque chronique de postes, de locaux, de moyens tout court.

A la Sorbonne Nouvelle aussi, l’ hybridation des enseignements est envisagée dans plusieurs formations pour pallier les insuffisances de nos locaux et le manque de postes d’enseignants et d’enseignants-chercheurs. Les enseignants ont été invités à mettre des cours magistraux en ligne pour remplacer les cours en amphi, sans que des solutions alternatives aient été étudiées. A la rentrée prochaine, sans lien avec la crise sanitaire, une expérimentation de cours à 50% en présentiel, 50% en distanciel sera lancée pour les cours d’anglais en LANSAD (Langues pour Spécialistes d’Autres Disciplines). Officiellement il s’agit de présentiel “augmenté” ou “enrichi”, mais en réalité il s’agit surtout de régler des problèmes de logistique -quand nous y aurons accès, nos locaux de Nation sont neufs, certes, mais trop étroits- et de s’accommoder de la pénurie d’enseignants. 

Installer l’enseignement à distance comme mode d’enseignement pérenne ne sera jamais une évolution souhaitable pour l’Université

L’enseignement à distance peut convenir à certaines catégories d’étudiant.e.s, et en premier lieu à ceux et celles qui se sont inscrit.es à l’ENEAD, parce qu’ils ont des contraintes spécifiques, et parce qu’ils ont choisi ce type d’enseignement en connaissance de cause. Mais en l’état actuel des choses il représente plutôt une forme d’enseignement dégradé. Le problème ne tient pas principalement à un défaut de formation des collègues ou à des résistances au changement, comme on nous le dit trop souvent. Pouvoir se former aux technologies de l’enseignement à distance et réfléchir à l’intérêt pédagogique de ces ressources est une très bonne chose, mais la priorité doit rester au maintien du présentiel comme cadre fondamental de l’enseignement supérieur et de la relation pédagogique. L’évaluation à distance pose enfin un certain nombre de problèmes, que l’achat de dispositifs de surveillance ne permet en aucune façon de résoudre. 

Un véritable enseignement à distance demande des enseignants disponibles pour encadrer les étudiants et interagir avec eux. Le coût de cet encadrement doit être évalué et la charge de travail qu’il représente doit être correctement rémunérée. Pour la majorité de nos étudiants, les cours en présentiel restent bien plus efficaces que le travail à distance “en autonomie” pour soutenir leur motivation, éveiller leur intérêt et s’approprier des méthodes de travail et des connaissances. 

La CGT FERC Sup Paris 3 demande :

  • que d’ici la rentrée de septembre, tous les moyens soient mis en œuvre pour la reprise, dans de bonnes conditions sanitaires, des cours en présentiel. 
  • que la mise en place d’enseignements hybrides soit suspendue en attendant que son intérêt -non seulement financier, mais aussi et surtout pédagogique- fasse l’objet d’une évaluation sérieuse. 
  • que la rémunération de tous les cours qui seraient dispensés à distance ou en hybride soit augmentée pour compenser le travail supplémentaire qu’ils impliquent : non au travail gratuit !

Voir aussi le communiqué de l’union nationale CGT FERC Sup : Pour la réouverture des établissements d’enseignement supérieur, la défense de nos libertés et de notre protection sociale