"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"

Menu ☰

Accueil > Syndicats > Île de France > Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

lundi 18 février 2019

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Non, la masse salariale de Paris 3 n’a pas explosé !

Depuis maintenant trois ans, la Présidence et la Direction générale des services nous expliquent qu’il faut ramener la masse salariale à Paris 3 à des niveaux ’raisonnables’... ce qui implique qu’elle ne l’est pas. Compte tenu des multiples économies réalisées au détriment des personnels(des primes au plancher jusqu’à la multiplication des contractuel-le-s) l’affirmation a de quoi surprendre. Et pour cause : elle n’a aucune base factuelle. L’Université (hors bibliothèques) a engagé 72 855 827€ de frais de personnel pour l’année 2011, première année où elle a pris en charge l’ensemble de la masse salariale. Elle a dépensé en 2017, dernière année pour laquelle le compte financier est disponible, 79 778 807€. Une croissance de 9,5% en 6 ans, avec une inflation de 6,9% sur la même période, soit +2,5% d’augmentation en euros constants en tout —qui ne compensent sans doute même pas les multiples charges salariales dont l’État s’est défaussé et que l’Université a dû assumer, depuis le ’Glissement Vieillesse technicité’ jusqu’au versement des allocations chômages pour certaines catégories d’anciens contractuels. Pour le dire brutalement, alors que nos missions se sont multipliées, la masse salariale de l’Université est restée quasiment stable.

Autre rengaine de la Présidence : cette masse salariale pèserait énormément dans le budget, pour 87%, c’est trop nous dit-on. Par quel miracle une masse salariale dont nous venons de voir qu’elle n’a pratiquement pas bougé peut-elle devenir aussi envahissante ? La réponse est fort simple : ce n’est pas la masse salariale qui a explosé, c’est le budget de fonctionnement qui a été divisé par deux ou presque depuis le début des années 2010. La masse salariale pèse lourd, non pas parce qu’elle est hypertrophiée comme on nous le suggère pesamment, mais parce qu’elle est restée stable alors que le reste de nos moyens s’évaporait. Nous sommes passés de 25 à 15 millions d’euros de dépenses de fonctionnement sur l’ensemble de l’Université plus bibliothèques entre 2011 et 2017. Ne reste plus que ce que l’on ne peut pas faire disparaître : les salaires —quoique notre Présidence s’y emploie en tentant de réduire les semestres et les salaires de contractuels qui vont avec.

Non, nous ne sommes pas en déficit chronique

Depuis au moins quatre ans, chaque budget prévisionnel est présenté avec force lamentations, avec un déficit épouvantable —5M€ en 2016, -2,5M€ en 2017, -4M€ en 2018...Conséquence : postes gelés, budgets taillés jusqu’à l’os, personnels sacrifiant leur temps, leur énergie, leur santé (et leurs revenus, vu l’absence de primes) pour redresser un navire... qui va fort bien, merci, si l’on consulte les comptes de résultat et même les comptes financiers publiés oh combien discrètement quelques mois après la clôture de chaque exercice. Le compte de résultat, qui enregistre les entrées et sorties pendant l’année pour l’ensemble de l’Université plus bibliothèques, indépendamment d’opérations comptables ultérieures, est même florissant : 1,6M de bénéfices en 2016, presque 1M en 2017, et l’on attend avec impatience 2018. Le même compte pour Paris 3 seule n’est pas toujours disponible, mais il l’était en 2016, et révélait également un solde positif... Bizarrement, alors que les prévisions pessimistes étaient régulièrement démenties, chaque budget prévisionnel ultérieur est revenu à la case départ, avec coupes annoncées à tous les étages. Presque comme si les présidences successives avaient annoncé des déficits pour pouvoir réduire les dépenses, et mettre de côté l’argent économisé à la fin de l’année...

Et de fait, soit grâce à ces déficits volontairement gonflés en début d’année, soit en prenant sur la dotation d’État et nos ressources propres, nos dirigeants se sont constitués un joli bas de laine pendant ces années de vaches maigres, avec un fonds de roulement de près de 20M€ en 2017. Le but ? Payer le déménagement à Nation, une hérésie comptable absolue puisque ledit déménagement coûtera —au moins— 11M€, soit plus des deux tiers de notre dépense annuelle. Plutôt que d’exiger le financement par les tutelles d’un déménagement qui coûtait bien trop cher pour que nous le prenions en charge, les deux dernières présidences se sont lancées dans une entreprise d’hyper-épargne qui a considérablement aggravé les difficultés découlant du désengagement de l’État pendant ces mêmes années. Vaine entreprise, de surcroît :il est clair que nous ne disposons pas vraiment des ressources budgétaires pour faire face à toutes les dépenses qui sont à craindre, et l’épuisement total de ce qui nous reste de ressources se soldera par encore plusieurs années de coupes sombres destinées à retrouver l’équilibre. Rien ne garantit d’ailleurs que ce retour à l’équilibre sera possible.

Le projet Nation, ce « beau projet », aboutit à faire déménager dans des locaux des locaux trop petits et inadaptés pour certains, avec une université ruinée et qui restera au bord de la faillite pour plusieurs années encore. Il est encore temps de faire machine arrière : refusons de payer le déménagement !

Les dotations de l’État doivent servir à assurer nos missions de service public dans de bonnes conditions, et non à financer des opérations exceptionnelles que nos tutelles devraient prendre en charge. Les personnels de Paris 3 et les étudiant-e-s ne doivent pas faire les frais du manque de courage de nos dirigeants face aux exigences du Ministère du Budget.

Exigeons des candidats à la présidence qu’ils s’engagent à débloquer au profit de notre fonctionnement les sommes gelées pour le déménagement et à refuser de financer celui-ci.