"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"

Menu ☰

Accueil > Syndicats > Auvergne-Rhône-Alpes > Université de Grenoble

mardi 12 mai 2020

Syndicat CGT Université de Grenoble

Reprise de l’activité : où est l’urgence ?

Suite à l’annonce « jupitérienne » du début du déconfinement par E. Macron à partir du 11 mai, l’UGA a préparé un « plan de reprise progressive d’activité » (PRPA).

Ce plan a été présenté pour information aux représentants du personnel jeudi 7 mai, à l’occasion d’un véritable marathon : CHSCT à 14h, CT à 15h, CA à 16h.

Avant toute remarque, comme nous l’avons fait pendant ces instances, nous apportons nos remerciements aux collègues qui ont participé à l’élaboration de ce plan : même s’il subsiste un certain nombre de questions, nous reconnaissons la qualité du travail réalisé, et vous invitons à consulter ce plan, qui a été envoyé dès jeudi soir à l’ensemble des personnels.

Nous nous félicitons par ailleurs que ce plan soit un plan de reprise progressive de l’activité (sachant bien sûr que pour beaucoup d’entre nous l’activité ne s’est pas arrêtée...), ce qui montre le souci, que nous partageons, que cette reprise ne soit pas brutale et s’accompagne d’un maximum de précautions, pour la santé des personnels et pour éviter au maximum la propagation du virus. Nous avons tou·te·s reçu hier en fin d’après-midi, de la part du président, l’avis des représentants des personnels au CHSCT concernant la reprise de l’activité. Cet avis, adopté à l’unanimité des organisations syndicales (CFDT, CGT, FSU, SNPTES et UNSA), demande au vu des éléments présentés et constatés « de reporter à 15 jours au plus tôt la reprise d’activité sur site sauf situations exceptionnelles ».

Le président nomme l’avis « lettre » et s’empresse de clamer que le CHSCT ne critique pas le PRPA : sur le papier et ce en quelques heures d’examen, il était en effet difficile de pouvoir se positionner et avoir un avis éclairé de la mise en pratique de ce plan. À ce jour, nous constatons que le « progressif » s’est transformé en une sorte de frénésie de la reprise. Les représentant·e·s du personnel CGT ont demandé que soit porté à leur connaissance les bons de commandes ainsi que les bons de livraison concernant l’ensemble du matériel commandé (masques, gants, lunettes, gel hydroalcoolique, etc.) nous espérons pouvoir avoir gain de cause rapidement et ce afin de vérifier les équipements pour les personnels qui sont en présentiel. Un CHSCT est programmé le 18 mai, il serait important que l’on puisse avoir le retour des personnels concernant la reprise d’activité dans leur service afin de pouvoir intervenir en cas de manquement de l’université.

Plusieurs points de vigilances subsistent, par exemple :

  • la présidence nous a assuré qu’aucun bâtiment ne rouvrirait avant qu’une « checklist » ne soit remplie pour chaque bâtiment, checklist vérifiée par la direction de la prévention des risques, et que la cellule de crise valide l’ouverture. Nous avons demandé que le CHSCT soit associé à cette validation, ou au moins qu’un de ses représentants soit inclus dans la cellule de crise, ce qui n’est pas le cas actuellement. Nous avons d’ailleurs constaté et fait remarquer à quel point chaque direction locale a une interprétation propre de l’urgence et de ce qui est essentiel ; interprétation parfois complètement déconnectée du vécu ou des besoins réels des personnels.
  • le régime actuel des ASA (Autorisations Spéciales d’Absences pour garde d’enfants, impossibilité de télétravail, personnes en situation de santé sensible, aidants familiaux, etc.) est maintenu. Nous avons reçu l’assurance de la présidence que tout serait fait pour que personne ne se voit contraint, soit de reprendre le travail en présentiel, soit d’envoyer ses enfants à l’école ou à la crèche, et ce sans avoir à justifier des conditions d’ouverture des établissements scolaires. Nous avons constaté toutefois, malgré cette assurance plusieurs fois renouvelée pendant le confinement, des pressions hiérarchiques locales tout à fait malvenues dans cette période. Ce constat démontre pour nous l’écart qu’il subsiste entre les directives, louables, de la présidence, et leur mise en œuvre concrète dans certains services, composantes ou laboratoires.
  • les doctorants n’ont toujours aucun engagement concernant la prolongation de leur contrat, pour leur permettre de reprendre leurs travaux interrompus par le confinement dans de bonnes conditions. L’UGA a organisé un recensement des besoins pour ces doctorants, et demandé un engagement financier au ministère. Là encore, ce recensement a été réalisé de manière très disparate par les directions de laboratoires, et beaucoup de doctorants n’ont pu se signaler à cette occasion. Ce recensement a donc été relancé : nous invitons les doctorant·e·s concerné·e·s à se rapprocher de leur direction.

Comme on peut le voir, de nombreuses questions subsistent, sans compter la mise en œuvre dans chaque service ou bâtiment des consignes sanitaires développées dans le PRPA. On peut tout à fait comprendre que beaucoup d’entre nous souhaitent reprendre, retourner au travail, revoir leurs collègues ; mais cette reprise doit être organisée de manière collective et non dictée d’en haut. Nous devons à tous les niveaux avoir la plus grande maîtrise possible sur le travail, les conditions sanitaires et l’organisation de la reprise.

Des instances malmenées

Nous parlions un peu plus haut de marathon des instances pour présenter le PRPA : nous ne pouvons que constater et regretter l’empressement de la présidence à présenter ce dernier sans respecter aucun délai raisonnable de consultation des instances représentatives des personnels. Sous le prétexte de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement donne les coudées franches aux directions, tant publiques que privées, pour rendre inopérantes les outils de construction collective et démocratique de l’organisation du travail, ainsi que des protections de la santé des personnels.

Le DGS nous a ainsi rappelé, en parlant notamment des délais de convocation, qu’en période d’état d’urgence sanitaire ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient, et pouvaient de plus passer outre les avis que les instances pouvaient donner. Ce n’est pas notre conception de l’organisation du travail, ni même de la société en général : pour nous, l’organisation doit être collective et démocratique, partout, tout le temps, même en période de crise ; et le fonctionnement collectif demande du temps. Les instances existantes sont certes perfectibles (souvent faute de moyens et d’attributions) ; mais à l’heure actuelle, ce sont celles qui existent, et nous demandons donc simplement qu’elles soient respectées, ce qui signifie de leur donner les moyens et le temps de fonctionner correctement.

On pourra d’ailleurs noter, qu’un de nos partenaires fondateur de l’UGA, le CEA pour ne pas le nommer, a pris le temps de convoquer dans des délais plus raisonnables les instances de l’établissement pour un début de plan commençant 15 jours après le 11 mai... Et nous rappelons au passage que le 13 mars, soit 3 jours avant le début du confinement, la proposition de la présidence était de continuer à faire travailler en présentiel tou·te·s celles et ceux qui ne pouvaient pas télétravailler, et ce contre l’avis des organisations syndicales consultées ce jour-là. Une preuve de plus s’il en fallait de la nécessité de conserver un fonctionnement démocratique. Enfin, les mensonges et revirements dans les décisions du gouvernement montrent l’urgence qu’il y a à sortir de ce fonctionnement autoritaire.

La CGT et la FSU ont donc demandé en CT que le PRPA soit soumis à l’avis d’un CT ultérieur, avec des délais permettant une préparation correcte.

Avis des représentants du personnel au CHSCT UGA concernant la reprise des activités sur site — 7 mai 2020

Nous, représentant·e·s des personnels au CHSCT, sommes toutes et·tous d’accord pour exprimer notre inquiétude d’un retour sur site trop précipité et massif.

La présidence peut compter sur nous pour accompagner la reprise progressive d’activités, et pour fonctionner en bonne intelligence, au moyen d’outils de communication permettant une meilleure maîtrise des données échangées par les personnels, les usagers et l’établissement. Cependant, devant cette pandémie et notre manque d’expérience dans sa gestion, il est évident que le 11 mai est trop proche pour envisager une reprise des activités de type normal, ne serait-ce que pour observer les éventuelles deuxièmes vagues qui pourraient se produire. Il serait difficile pour l’institution, et à plus forte raison pour le CHSCT, d’assumer les conséquences d’une reprise trop hâtive, sur laquelle même les
épidémiologistes les plus en pointe ne tombent pas d’accord.

En plus de l’obligation de protection de la santé des personnels, étudiant·e·s, travailleur·e·s de la restauration, du ménage, etc., nous avons besoin de consignes claires et homogènes — occasion pour nous d’indiquer notre souhait d’un CHSCT commun à toutes les composantes de l’Université intégrée.

Dans ces consignes claires, nous souhaitons voir apparaître explicitement pour cette première étape :

  • l’identification des services ou laboratoires dont l’activité est impossible à distance et pour lesquels l’ouverture sera prioritaire mais raisonnée ;
  • les personnes responsables de l’organisation pratique des locaux et de la présence sur site ;
  • les personnels en charge de la mise en œuvre et du respect des mesures de protection sanitaire.

Bien qu’il faille naturellement s’adapter à la réalité des terrains concernés, nous souhaitons que ces consignes émanent de manière centralisée de la présidence et ne soient pas laissées à la simple appréciation des directions de composantes ou de celles des laboratoires.

L’avis du CHSCT est qu’il est urgent de prendre le temps de réfléchir et donc de reporter à 15 jours au plus tôt la reprise d’activité sur site sauf situations exceptionnelles encadrées et respectant les conditions sanitaires essentielles.

Il insiste sur la situation particulière des doctorants et des contrats de recherche qui arrivent à terme, et demande qu’une revendication soit portée au niveau national pour obtenir le prolongement des contrats doctoraux et le report des financements de recherche. Une décision claire et définitive concernant la prolongation de ces contrats est un préalable pour que les discussions portant sur la reprise des travaux
expérimentaux des doctorants puissent avoir lieu dans des conditions sereines.

Par ailleurs, si le travail à distance doit rester le principe, et le travail en présentiel l‘exception, l‘établissement doit veiller à ce qu‘aucune pression hiérarchique ou autre ne soit faite sur les agents, les incitant à reprendre le travail ou à revenir en présentiel. De même, au vu des conditions sanitaires dans lesquelles les crèches et écoles vont rouvrir, les agents ne doivent pas se voir contraints d‘y envoyer leurs enfants. Le régime d’ASA pour gardes d‘enfants, pour aidants familiaux, ou pour situation de santé sensible, doit être maintenu.