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dimanche 8 décembre 2019

Syndicat CGT Université de Grenoble

Réponse à la lettre de la ministre F. Vidal

Madame la ministre,

Nous avons bien reçu, comme l’ensemble des personnels des Universités et du CNRS, votre courrier de justification de votre loi, le jour d’une mobilisation historique contre cette même loi. Alors que plus d’un million de manifestant.e.s ont défilé dans la rue pour exiger le retrait de cette réforme, alors que nombre de secteurs sont en grève reconductible, pensez-vous réellement que ces pauvres salarié.e.s du public et du privé que nous sommes, n’ont pas compris que ce projet serait « juste », « solidaire », maintenant les niveaux de vie des salarié.e.s et des retraité.e.s ?

Cessez ce ton méprisant et condescendant, non madame la ministre, nous avons compris, et nous nous opposons tant à votre projet qu’à la manière dont vous nous manquez de respect en laissant entendre que ce projet serait juste, solidaire, et ne réduirait pas nos droits (notamment nos droits à des pensions de retraite décentes).

Nous aussi, nous souhaiterions apporter des points précis, reprenant ceux de votre courrier :

  • Non ce n’est pas un projet de solidarité, puisque chacun.e recevra strictement en fonction de ce qu’il.elle aura contribué au cours de sa carrière, et donc les temps partiels, choisis ou subis, les périodes de chômage, les arrêts maladie seront payés cash... par ailleurs ce serait toute la carrière qui serait prise en compte et non plus les 6 derniers mois pour les fonctionnaires ou les 25 meilleures années pour le privé et les contractuels. C’est une rupture avec le système actuel, et une individualisation des pensions qui va à l’encontre de la solidarité. C’est bien un système du « chacun.e pour soi » dont il s’agit.
  • Rien n’est fixé sur la valeur du point, ce flou ne permet en aucun cas d’affirmer honnêtement que vous garantissez que les niveaux de vie ne baisseront pas. Les niveaux de vie baisseront nécessairement, du fait des carrières discontinues. Et celles et ceux qui en souffriront le plus sont les précaires et les femmes. Donc non, cette réforme n’est pas juste.
  • Un minimum de 1000 euros pour des personnes ayant travaillé toute leur vie ? Qu’en est-il des personnes qui subissent des carrières gruyère ? Nous hésitons entre mépris de classe ou malhonnêteté…
  • Et ces pauvres fonctionnaires qui manifestent contre une loi qui étendrait leurs droits ? Merci de leur expliquer que, malgré le gel de leur point d’indice depuis 10 ans, que malgré l’explosion de la souffrance au travail, que malgré des grilles salariales de fonctionnaires de catégorie C se trouvent encore aujourd’hui sous le niveau du SMIC, leur situation s’améliorerait grâce à cette loi qui promet des baisses des niveaux de pensions allant de 10% jusqu’à plus de 40% selon les métiers ?
  • Et ces fameuses « primes », utilisées par nos dirigeant.e.s pour tenter de nous faire accepter des salaires en berne et une baisse de nos niveaux de vie depuis des dizaines d’années, seraient maintenant ce qui nous permettraient d’envisager des niveaux de retraite « justes » et « solidaires » ?
  • Cette réforme est aussi rétrograde car elle aura pour conséquence d’aggraver les inégalités de pension entre les sexes. Dans votre courrier vous ne prétendez pas, comme votre gouvernement, qu’elle sera plus favorable pour les femmes, êtes vous à court d’argument ou est-ce un point sur lequel vous ne nous mentirez pas ?

Nos salaires, nos pensions de retraite, nos droits, notre présent et notre avenir sont attaqués de toute part. Nous avons bien compris, Madame la ministre, que ce projet de loi est injuste, anti-solidaire, et est dans la droite ligne de la casse de nos droits, de nos protections, de nos garanties collectives.

Pour toutes ces raisons, nous serons en grève et dans la rue mardi 10 décembre,

CGT Université de Grenoble