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mardi 2 octobre 2018

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Reconstruire notre université avec l’ensemble de la communauté, pour une université collégiale et démocratique

La « gouvernance » de l’établissement ne peut passer outre la communauté universitaire

En décembre 2018, auront lieu les élections aux conseils centraux de l’université qui orienteront son devenir pour les quatre prochaines années. Notre avenir doit se construire dans la collégialité, le respect des instances, de la vie démocratique et de la communauté universitaire dans son ensemble. Ces élections devront marquer une rupture avec l’actuel mode de fonctionnement, l’actuelle « gouvernance », l’actuel mode de prise de décisions et la façon dont ces décisions sont appliquées.

L’autoritarisme qui s’est manifesté ces dernières années dans les universités est une tendance lourde, impulsée par le Ministère qui souhaite transformer les Présidents en chefs d’entreprise non soumis à un système d’équilibre des pouvoirs. Le but est de détruire toute forme de résistance, du rôle des syndicats et des instances élues au statut protégé des enseignants-chercheurs et des fonctionnaires dans leur ensemble. Sur l’établissement, ces dérives se sont traduites par la mise à l’écart des conseils élus et des instances.

L’actuelle Présidence ne tient pas compte de ses obligations légales en ce domaine comme en d’autres (rappelons que l’article L 711-1 du Code de l’éducation, spécifie que « Les établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel [...] sont gérés de façon démocratique avec le concours de l’ensemble des personnels, des étudiants et de personnalités extérieures ». L’objectif de l’actuelle présidence semble être d’imposer une gestion hiérarchique autoritaire, privée de sens, hors-sol, à peine corrigée par des conseils consultatifs, simples chambres d’enregistrement sans pouvoir réel. Les prises de décision brutales, trop souvent déconnectées de nos cœurs de métier, ont des conséquences démoralisantes et délétères sur le quotidien de notre communauté.

Il est urgent de revitaliser les instances démocratiques (conseils de gestion, conseils centraux et comités : Conseil d’Administration, Conseil Académique, Commission de la Recherche et Commission de Formation et de la Vie Universitaire, Commission du Budget, Comité Technique et Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail), et d’en faire de véritables lieux de débats. Et il est possible d’aller beaucoup plus loin, justement parce que le pouvoir quasi absolu confié aux présidents et à leurs majorités au Conseil d’Administration peut tout aussi bien être employé à renforcer les garde-fous démocratiques, au lieu de les affaiblir. Rien dans les statuts d’une université n’empêche de prévoir des règles constitutionnelles, adoptables à la majorité des deux-tiers ; rien n’empêche non plus de délimiter des espaces de pouvoir et de décision délégués par le Conseil d’Administration à d’autres conseils, et permettant donc d’annuler le processus de centralisation, ou de rendre obligatoires la publication et la circulation de l’information, comme le détail précis du budget exécuté ou la cartographie précise des emplois par exemple. Notre communauté doit inventer une nouvelle démocratie universitaire.

Le projet de fusion porté par la présidence lors du mandat qui s’achève est le parfait exemple de ce qui ne doit plus être. Un candidat et ses colistiers élus sur une ligne claire en 2014 : « La Sorbonne Nouvelle ne s’engagera pas sur la voie de la fusion » ont rapidement renié cet engagement pour jeter l’université dans une course folle fusionniste, sans respecter le programme sur lequel ils avaient été élus, ni la volonté de la communauté universitaire, majoritairement opposée à ce projet. La présidence a alors contraint une partie du personnel de Paris 3 à travailler sur ce projet de fusion. Ce temps de travail a manqué cruellement à l’université. Ces orientations politiques ont empêché les acteurs de travailler sereinement et utilement pour l’établissement, ce qui a contribué à une détérioration des conditions de travail. Les dysfonctionnements qui se sont alors aggravés ont été utilisés dans un deuxième temps pour justifier la fusion, une situation ubuesque qui a grandement contribué au marasme actuel de notre université.

L’université au service de ses missions et la fin de la prise de décisions hors-sol

Lors de ces élections, il faut que le débat porte sur une pratique à la fois plus efficace et vraiment centrée sur nos missions. Nous sommes une université, nos finalités sont l’enseignement et la recherche, l’administration n’est qu’un moyen qui doit être au service de ces missions. Il faut renforcer l’appui de proximité à la formation et à la recherche, et cesser de mettre en place une structuration vers le haut de plus en plus inefficace, car imposée et éloignée de fait des besoins et nécessités du terrain.

Le management « top / down » autoritaire mis en place aujourd’hui sur l’université engendre un grand nombre de cas de souffrance au travail. Il est le résultat d’une « gouvernance » dont les décisions sont prises hors-sol. Nombre de décisions sont inapplicables car non pensées et construites avec les acteurs en charge de leur application. Il faut redonner du sens au travail en remettant le cœur de nos métiers au centre de l’action.

Le système actuel génère un gaspillage et démobilise les personnels, traités en citoyens et citoyennes de seconde zone. Il privilégie l’autorité et les pratiques partisanes et clientélistes, les affiliations et intérêts individuels au détriment de la compétence et de l’efficacité. Réactiver et étendre la démocratie universitaire, c’est aussi rendre possible une gestion plus équitable, plus soucieuse des personnels et des étudiant.e.s, et mieux à même de concrétiser l’objectif qui doit rester le nôtre, celui d’un grand service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.

À cet égard, la gestion de l’établissement est à réinventer. Cette « gouvernance » désastreuse a conduit à un gâchis majeur en termes de ressources humaines et de ressources propres. Personnels méprisés, taillables et corvéables à merci, confrontés à des demandes impossibles, et sous-payés puisqu’une partie des ressources est réorientée vers des activités supposées de prestige, mais dont l’utilité réelle pour l’institution est plus que discutable. Des conditions de travail inacceptables dans nombre de services, l’absence de rémunération correcte (primes, augmentations, mensualisation...), le turnover (de très nombreux départs ont été constatés ces derniers mois, dans des proportions jusque-là inédites) et la précarité (à des niveaux sans cesse plus élevés, aussi bien chez les Enseignants-Chercheurs contractuels que chez les BIATSS) sont les conséquences directes d’une gestion qui hiérarchise à l’envers, en minorant le sort des personnels.

Des personnels démoralisés, sous-payés et démobilisés ne sont pas efficaces et n’ont aucune raison de bien fonctionner collectivement. Actuellement, seule une petite minorité tire bénéfice d’une situation devenue intenable pour la grande majorité. Il est temps de sortir de cette situation.

Conclusion

Nous devons exiger de nos futurs dirigeants qu’ils s’engagent à renoncer aux errements de ces dernières années, qu’ils mettent en place une véritable démocratie universitaire. Celle-ci ne règlera pas tout, loin de là : mais elle permettra au moins d’identifier les problèmes, et de les envisager collectivement, dans le respect de l’intérêt général et des missions fondamentales d’une université de service public.

En décembre, construisons ensemble notre université.

Décembre 2018
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